samedi 30 juin 2012

4 avril. ... 04-04 tiens...

            Mes souvenirs de rêves sont très flous.
            // Une forêt de sapins et bonzaïs enneigés dans le brouillard au détour d’un sentier de montagne.
L’encadrement d’un groupe d’enfants dans un endroit perdu, avec des gros sacs lourds ; en plein milieu d’une forêt clairsemée à travers on aperçoit montagnes et cascades.
Un gymnase avec les mêmes enfants, que Manue m’aide à encadrer.
Manue qui m’ausculte (?!).
Une cabane au pied d’une raide pente d’éboulis, dans des bois sépia. //

Le lien entre ces éléments me reviendra peut être, plus tard. J’ai écouté la bande son d’Into the wild, mais je ne me suis pas endormie de suite. (Ca changeait de Finntroll hier aprem.. ! Je trouvais que ça allait tellement bien à la météo qui se moquait de nous. Avec sa brutalité et son ironie festive.)
François est sorti de la chambre vers 6h30, je suis descendue lui dire au revoir. Manue et Xavier aussi (heureusement car la porte avait claqué et je n’avais pas pris de clé).

 
8h40. Je suis sur un fauteuil rose, devant un mur jaune. Il a neigé dans la vallée un peu plus loin, et sur la colline de pierres difformes qui surmonte la ville. Je vais faire mon sac et manger. Mon stylo est presque vide.

13h13. Notre progression en organisation de sacs est incontestable. On a même réussi à libérer la chambre pour 10h. J’ai failli me retrouver avec un string et un boxer en trop, mais ils ont retrouvé leurs propriétaires ; qui n’avaient pas encore lancé d’avis de recherche. (Hm !) Les chaussures de François n’ont pas trop imprégné la chambre, par contre le placard ou les six paires ont mariné est bon à jeter ! Changez de placard ! Je ne sais pas ce que les suivants pourront mettre dedans.
Derniers préparatifs avant le départ (encore) : copies sur un deuxième disque, formatage des cartes, achat de biscuits ronds, de billets de bus et pour la troisième fois en deux jours, extraction d’argent d’une machine peu coopérative (vive la commission fixe). Réservation d’une auberge à El Calafate par l’intermédiaire de l’hôtesse d’accueil (je ne me souvenais pas que ce métier avait un tel nom jusqu’à ce qu’Alexandre reçoive une lettre de motivation de la part d’une telle hôtesse, hier (ahahahahaaa)). On aura une chambre de 10, avec cinq autres probablement donc.
J’extrapole des techniques de dé-coinçage de pots de confiture au dévissage de filtres. Innovation notable : le remplacement de l’élastique caoutchouteux par le revêtement du câble d’alimentation de ma frontale. (Mc Giver) (éhé).
Aller, on y go ! Il y a toujours une perturbation coincée un peu plus loin, les montagnes blanchissent. A chaque fois qu’elles ressortent des nuages, elles ont pris une teinte de blanc en plus. Mieux que le dentifrice !


            ‘In the darkness, bind them’.... j’ai cette phrase (musique, parole) dans la tête ; en pensant à la fois à l’image d’Alexandre qui porte ce titre ( ) et à quelque chose d’encore beaucoup plus hostile, plus froid. Et pourtant je marche dans une étendue de couleurs chaudes, même si derrière il y a des montagnes totalement blanches et qu’il neige légèrement. Un chinois soupirant vient de me croiser... avant, je marchais avec Manue ; et les garçons allaient toujours plus vite, devant. Pourtant on ne marche pas si lentement ... on a mis 1h15 au lieu des deux heures annoncées  pour l’instant je crois. Il doit être 16h30 maintenant.
            On a croisé ... beaucoup trop de monde. ... Etrange, car la ville est déserte. Mais sur les chemins, les touristes sont toujours là. Un groupe de chinois éparpillé... c’est une migration de chinois. L’envahissement. Un homme qui pissait n’importe où ; deux qui écoutaient une radio planquée dans leur veste, ceux qui transportaient leurs sacs de couchage dans un sachet à la main ... Et aussi la sorcière. Elle nous a fait peur. On a rattrapé les garçons juste après l’avoir croisée, mais eux ne l’ont pas vue. Cette dame était vraiment effrayante... elle avait un châle, un peu enrobée, des boutons sur le nez, des yeux sombres... un visage marqué par le temps.... et elle nous a dit, d’une voix très grave qui semblait détachée d’elle ‘’Hola.’’ Comme si c’était une sorte d’enregistrement, ou qu’elle était ventriloque ; sans bouger les lèvres. Bon elle a continué son chemin... heureusement elle ne m’a pas dit que ma vie dans ce monde allait bientôt s’achever parce que sinon j’aurai commencé à péter à plomb. D’ailleurs d’y penser, ça m’effraye un peu quand même... de penser à mon rêve et cette dame en même temps. J’ai l’impression qu’il y a un lien. Hum.


    On est entrain de marcher pour aller au camp Rio Blanco. Le Fitz Roy a failli sortir ; on est allé à la cascade pour voir s’il allait émerger ... mais en fait il est resté bien emmitouflé dans ses écharpes de nuages givrés. Mmh je marche à des endroits ou il y a eu de la neige ce matin, reste quelques petits tas au sol.
            Quand on est arrivé au Mirador Fitz  Roy, il n’y avait toujours pas de woodpeckers... par contre, le fait de voir les géants de pierre totalement blancs jusqu’à leur pied m’a vraiment impressionnée. Je pense que je suis encore à environ ¾ d’heure du camp ; je traine un peu avec ce dictaphone et les problèmes intrinsèques qui vont avec : si je marche plus vite, déjà, on m’entend souffler dedans ; et ensuite on ne m’entend plus à cause du vent. 



            Nous sommes à la cabane. On a mis un peu moins de trois heures à venir, avec la pause à la cascade (ça va). Il fait -1°C, dedans (un peu comme dehors). Il y a un peu de neige, sur un côté des troncs aussi, c’est assez magique... On a planté nos tentes autour ; et on essaye de faire un feu dans le même pot que l’année dernière ... mais avec moins de succès. Pot qu’on a préalablement vidé de tous les pions d’échec et cartes qui étaient dedans, ainsi que de son mégot de cigarette et bouts de lichen. En tout cas pour l’instant ça ne prend pas, malgré les 4 feuilles de mon carnet, et les 4 pages sacrifiées du livre de Manue. On a pris toute la place, les 5 sacs sont étalés par terre, les sacs photos sur les tables, les vestes pendouillent...ainsi que les sacs de nourriture, un peu partout. On s’est installé, quoi. J’aime bien être ici.


              Il est 21h ... on va dormir, bientôt..... Il fait très sombre dans cette forêt ; une sorte de grésil rebondit jusqu’à nos toiles, créant un crépitement louche. Les arbres bougent et de la lune émane une clarté mouvante. Et en plus, il y a une sorte de toile de tente accrochée dans l’abri d’à côté, avant le camp. C’est vraiment bizarre, avant il y avait quelqu’un, maintenant c’est désert ; mais la toile reste accrochée dans un coin, avec des cailloux devant. On n’arrive pas trop à savoir ce que c’est. J’ai cru plusieurs fois entendre du bruit, je suis allée voir ... rien. Un couteau posé à côté. ... Étrange.

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