jeudi 21 juin 2012

29 mars. 

        On est dans une auberge. J’ai rêvé que // on était dans un aéroport avec Alexandre en quête d’une chambre, et qu’il n’y en avait pas, pas moyen d’en trouver un. On était dans un grand terminal des murs hautes et gris ; des magasins illuminés un peu coloré.
J’ai demandé à une dame ou elle pouvait dormir. J’ai commencé par lui demander en français et elle l’a très mal pris… je traduisais au fur et à mesure ce que je disais en français et espagnol mais elle a cru que je l’insultais dans une langue qu’elle ne comprenait pas. Du coup elle est allé chercher un homme qui est venu me dire que je n’avais pas le droit de parler en français à sa copine (alors que bon, ça ne me semblait pas si grave). Je lui ai répondu que je parlais français si je voulais, vu que ça ne changeait rien et que de toute façon je traduisais mes paroles en continu. Mais c’était vraiment compliqué.
On s’est retrouvé dans un endroit penché plein de verdure, avec des bancs, des palmiers, une  rivière qu’il fallait traverser. Je crois qu’il y avait une tyrolienne entre deux arbres, et des cailloux pour faciliter le passage. On devait attendre là. Des randonneurs partaient en trek… il y en avait un avec un vélo, qui revenait tout le temps. Il tournait en rond. Nous on espérait toujours trouver un endroit ou dormir ; mais je crois qu’on s’est endormis là sous les cocotiers et les bonzaïs géants dans lesquels des oiseaux chantaient ; le long de la rivière qui faisait pas mal de bruit … et montait.
La dame qui pensait que je l’avais insultée est revenue me voir, elle m’a dit que ce n’était pas possible, que je n’avais pas à parler comme ça en français avec n’importe qui, que ça ne se faisait vraiment pas. Quelqu’un que je connaissais a débarqué et nous a fait descendre dans un souterrain au plafond vouté très bas. //

                Je ne sais plus ce que j’ai dit hier. Toujours est-il qu’en arrivant au Rio Electrico, on a essayé d’arrêter des voitures et de faire du stop, mais aucun véhicule ne s’est réellement arrêté, à part un qui nous a dit qu’il fallait qu’on marche jusqu’à l’hôtel Pilar (alors qu’elle aurait peut être pu nous y emmener… avec nos gros sacs). On a donc encore marché jusqu’à l’hôtel dans un état plutôt louche de fatigue, j’avais un peu mal à la cheville, mais c’était juste une courbature sans doutes, vu que je me suis tordu le pied 50 fois dans la forêt. François s’est demandé comment on faisait pour porter nos sacs et nos sacs photos … parce que c’est vrai qu’effectivement, c’est lourd. C’est Xavier qui m’a relayé pour la pulka, … et après un laborieux kilomètre, on est arrivé.
                Je suis allée demander avec François le prix d’un taxi pour revenir à Chalten, et il s’est avéré que c’était beaucoup moins cher qu’un hypothétique bus. Notre espagnol était un peu détérioré...  François mélangeait certains mots... On a attendu nos taxis. Alexandre a lancé un timelaps du Fitz Roy dont on s’était bien éloignés.

                Le premier véhicule m’a déposée, avec Xavier et Manue, devant le Condor de los Andes. On a croisé un gars en vélo qu’on avait déjà vu deux fois, des gens qu’on avait aussi déjà croisé dans des voitures dans l’autre sens. Plus de place à l’auberge, mais on nous a indiqué une autre, Pioneros del Valle. … On a d’abord attendu les autres en jouant avec un petit chien brun, puis on est allé rendre le matériel de location (et engueuler celle qui nous a loué les crampons … qui n’était pas là).


          La dame du magasin disait que c’était très bien quand je lui ai montré le crampon brisé, alors que j’essayais de lui faire comprendre que non,  c’était très dangereux, il faudrait vérifier le matériel plus souvent, …  Puis on est allé à la nouvelle auberge, ou l’on a dormi. C’est assez bien, tranquille, confortable. Un peu moins convivial qu’au Condor j’ai l’impression mais les chambres sont un peu plus grandes … et la douche aussi… et le lavabo aussi. C’est drôle d’ailleurs, vu que c’est le même prix. On est ensuite retourné chercher nos affaires sous l’escalier du Condor, en démontant un tas de sac pour retrouver les nôtres… avec Manue, alors que les garçons cherchaient du réseau internet. Mmh. Et on a mangé une pizza. On a aussi pris une bouteille de vin… et on a trinqué à notre échec. … Ou a la prochaine réussite. Mon estomac a l’air d’avoir supporté, c’est une bonne nouvelle, en soi.


                Je me suis endormie très vite, en écoutant Summoning… alors que je voulais juste écouter un morceau… Le vent s’est levé la nuit ; alors que nos chaussures étaient toutes posées sur le rebord de la fenêtre. Je n’arrêtais pas d’imaginer qu’elles allaient toutes s’envoler, mais je ne bougeais pas. Aucune envie de me rhabiller pour aller déplacer les chaussures ! Au bout d’un moment Alexandre, et François peut être, s’en sont occupés je crois.
                On a bien dormi. L’ipod d’Alexandre est tombé sur la rambarde de mon lit, faisant un sacré boucan, mais à part ça, peu de bruits suspects. Maintenant il s’agit de retourner à l’agence de location pour essayer de faire en sorte de ne pas payer la location du crampon dangereux et surtout récupérer le passeport de Manue qui est toujours en otage là bas. Et ranger, aussi, vu qu’on est censé libérer les chambres pour 10h.

               
                On est toujours dans ce drôle d’endroit d’auberge… avec de la musique. Dehors il y a toujours du vent. On a décollé très tard, il est bientôt 13h, on a fait les courses, je n’ai pas acheté grand-chose mais on divise en 6, donc je perds au change … ça m’énerve un peu. Et comme ça fait pas mal de nuits que je n’ai pas beaucoup dormi, je suis un peu.. bof, pas dans une humeur très positive, et ça m’énerve d’être énervée ; c’est une sorte de cercle vicieux dont j’espère bientôt sortir … Je préfère l’état euphorique que l’énervement continu et la tristesse de s’énerver  pour rien. Je suis enfin allée à la poste (pendant que les autres étaient dans une boulangerie) ; ils devaient aller au commissariat ensuite, normalement… et ils n’y étaient pas, en fait. La poste ressemble à une sorte de prison, avec des grilles, personne, les affiches de personnes recherchées ou disparues ; et une dame qui m’a tendu un pot de … euh… je ne sais pas exactement comment définir ça. Au lieu de lécher les timbres, on met le doigt là-dessus, puis sur le timbre… une ... langue artificielle ? Mmh. J’ai ENFIN réussi à envoyer cette lettre. Je suis un peu passée pour une imbécile en rentrant dans le commissariat … et en n’y trouvant personne. (‘Héé busco amigos que … tienen que venir aqui pero … ils sont pas là. Plus tard peut être.’)
                Manue dit qu’on va mettre les comptes à plat et qu’on payera chacun ce qu’on prend… ce serait bien, parce que je me rends compte qu’à force, je n’ai plus de quoi payer l’auberge, ni rien … Je constate qu’il y a beaucoup d’énervement aujourd’hui. Je vais aller manger des œufs durs dans cette auberge avec de la musique, et essayer de me remettre en mode plus positif. Hum. 
 







                Il est 15h43. Je suis au milieu de la pampa, devant le Cerro Torre… dont le sommet est bien sur dans les nuages… nuages assez sombres d’ailleurs. Il y a une lueur qui sort derrière les autres montagnes, derrière un glacier bleu. Autour, les arbres sont multicolores, l’automne avance, vite. Je n’arrive pas trop à prendre des photos… j’empile mes filtres sans porte filtre ; je sens que ça les raye, ça me fait mal pour les filtres… et pour le portefeuille aussi. Mais bon, c’est vraiment joli, et impressionnant. On est parti il y a deux heures, les autres avancent pas mal vite, je trouve… moi j’aime bien prendre mon temps ici, je pourrais même prendre encore plus de temps, mais c’est vrai que dans une autre optique, j’aimerai aussi poser mon sac. On est toujours partagés.
                Les touffes multicolores sont vraiment impressionnantes, et les monts à l’avant aussi. Surtout le Cerro Solo, le cerro tout seul, sorte de gardien couronné de glace et entouré d’un rempart de roche obscur et d’arêtes dénudées et de pointes acérées. Les nuages frôlent le sommet mais ne s’y attardent pas. François avait l’air de dire qu’on pourrait monter là-dessus mais … je ne vois pas trop par où. C’est surement faisable mais… ça ne semble pas simple.



 
                J’avance … vers le camp Agostini. A peu près dans le même état que l’année dernière, j’ai un coup de barre énorme qui m’est tombé dessus vers midi… et je n’arrive pas trop à m’en sortir, j’ai la tête comme dans le brouillard, c’est étrange… Mais bon, je vais arriver là bas, monter la tente, m’effondrer et tout ira bien ! Ah oui, ne pas oublié les ficelles anti mulots.
                Mulins. Pampagnols. … Ces mots étranges qu’on invente au fur et à mesure … ahah.

                Le vent est peu coopératif. Il se fiche totalement de nous ; de moi, en tout cas. On est arrivé à la forêt pétrifiée dans le marécage, avec des flaques boueuses ou j’ai failli rester enlisée. C’est superbe. Magnifique … sauf que le reflet a disparu car les rafales se sont éveillées (à fond).

 
                C’est beau partout. Les arbres sont peints en couleurs vives, rouge, orange ; les montagnes au fond, le ciel, incroyable ; les nuages se transformes en comètes flamboyantes … mais aaaarg !










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