lundi 4 juin 2012

17 mars.


            Bon. J’ai rêvé des choses bizarres (ce serait plus bizarre que je rêve des choses normales, probablement)  : //J’avais un professeur génial qui rendait ses cours intéressants et efficaces, mais qui commençait à ne plus venir enseigner, à ne plus rien dire, dépression. Il (ou moi, je ne sais pas) habitait dans un minibus posé sur le haut d’une colline. Il y avait un autre élève, qui s’inquiétait pour le respect du programme avant les examens de fin d’année. Moi je m’inquiétais plus pour le prof. On devait aller marcher ensemble. Mais ils n’étaient pas motivés. Animée d’une énergie indicible, j’allais donc seule tenter l’ascension d’une montagne. J’arrivais au pied d’un toboggan de neige gigantesque, dégoulinant, monstre de glace là pour m’avaler. J’ai planté mes pieds dans la neige fondante. Fait quelques mètres. Au dessus, quelque chose s’est décroché et à rebondit vers moi. C’est passé à côté avec un petit ‘’poc’’ et un envol de poudreuse inexistante. Je me suis laissée glisser. Jusqu’en bas ; et je me suis éloignée.
            J’ai dit aux autres d’imaginer la pente la plus raide qu’ils aient vu ; et que c’était comme ça avec de la neige pourrie sur 200-300m. Ambiance étrange côté émotions, tristesse, impuissance vis-à-vis de la tristesse, et une petite flamme de volonté toujours présente (quelque part).
            Il commençait à faire nuit. Une maison grise et jaune, avec des murs épais à côté d’un arbre et d’une grange en bois sombre qui gémit avec le vent. Des aboiements. Des gloussements dindonesques. Encore le chien. Une poule. Le chien. Ce n’est pas normal, on va voir. Quelqu’un pousse la porte de la grange (j’ai peur). Des brins de paille, une brouette rouillée à l’envers, un capharnaüm de poules, le chien qui nous regarde et aboie ; et le professeur, qui a essayé et réussi à se pendre à une poutre. Celui qui m’accompagne attrape un tabouret, et le détache. Il est encore bien vivant. On l’amène dans la maison, sur un canapé vert, à la lueur tremblotante de je ne sais quoi. Dehors, le vent fait rage. Je reste avec le professeur (qui n’est plus prof, d’ailleurs). J’attends. Je ne dis rien.
            Le lendemain, on va marcher. Ca va mieux je crois, un peu. On s’arrête sur un banc, il y a d’autres choses à faire mais ce n’est pas grave. Le prof/ gars/ ami/ je ne sais qui se laisse tomber, et craque. Mmh. Il se prend la tête dans les mains, s’affaisse contre mon épaule et se met à pleurer je pense. Il se passe quelque chose en face, on laisse ce qu’on avait en main ( ?!) (une peinture, je crois) et on court vers la maison de mes grands parents, de l’autre côté d’un champ. Je lui demande si ce n’est pas risqué de laisser trainer des choses comme ça, il répond qu’on ne lui a jamais rien volé.
            Et je grimpe deux à deux les marches pour rentrer dans la maison. //
            (MOUI.)


            J’ai ramassé une pièce d’un pesos. C’est drôle d’avoir 1/6ème de centime d’€uro en main. Je suis levée hein, plus dans mon rêve. J’ai bu de ce jus d’orange qui goute le mucomist (j’aimais bien ce médicament, mais les oranges pressées, c’est quand même autre chose…) et mangé un yaourt rose fluo. J’ai discuté en anglais et espagnol avec des hollandais. Quand je parle espagnol, les mots me viennent en français et quand j’essaye l’anglais, ça me vient en espagnol. Evidemment.
            Je vais essayer de trouver une poste, une enveloppe, un timbre, une feuille pour que ma mère puisse porter plainte en mon nom pour l’appareil photo, en France … et aller me balader un peu. Il est midi mais la lumière qui filtre dans cette chambre fait plus penser au crépuscule.


            J’ai passé l’après midi à errer dans la ville. J’ai salué un chien en passant, et il m’a adopté, ou l’inverse, je ne sais pas. On a marché ensemble un moment, je l’ai suivi, il me précédait et m’attendait à chaque croisement pour traverser. Et me rattrapait si je changeais de direction. Il s’est fait attaquer deux fois, mais il a continué avec moi. Pas mal. … ! Je lui ai donné un tout petit bout de ce que je mangeais pour le remercier. Je sais, on ne donne pas impunément à manger à un chien, mais il n’a rien réclamé… bref. Compagnie inhabituelle, mais pourquoi pas ?


            Je suis revenue dans les mêmes lieux que l’an passé, par hasard. C’était étrange. L’église, les auberges, la compagnie de bus ‘’nous parlons français’’, le restaurant… Des souvenirs abstraits resurgissent. J’ai retrouvé le grand supermarché, mais j’étais avec le chien alors je ne me suis pas arrêtée. J’ai marché sans savoir ou j’allais, juste pour voir, découvrir. Je prendrais la feuille qui me sert de carte au moment de rentrer, et je trouverais alors ou je suis. … 
            Au bout d’un moment, j’ai de nouveau été seule. J’ai mis un moment à revenir au centre ville, à travers les rues aux petites maisons difformes et aux trottoirs incrustés d’empreintes de chiens. J’ai acheté un eye liner louche, et je suis entrée dans un café internet. 1000$ (1,6€) l’heure, bon, il y a pire. J’ai trouvé l’adresse de la poste ; … elle était fermée le semedi après midi (bien sûr). J’ai aussi trouvé une ‘’librairie papeterie’’, attendu 20min avant de me rendre compte qu’il fallait prendre un ticket à l’entrée, demandé si je pouvais acheter une enveloppe et des timbres ‘para enviar una carta en Francia’. Pero no, c’est seulement en el correo (la poste). Mh. C’est pas gagné.



            Je me suis rendue compte que je n’avais plus de quoi payer l’auberge. Quête d’un distributeur de billets. Je suis passée devant une heure avant, mais pas moyen de le retrouver … je me résous à demander à demander à une vieille dame qui pousse une énorme brouette peinte en bleu. Elle me renvoie à l’endroit d’où je viens. C’était encore plus loin que mes pseudo explorations. J’ai trouvé, après une nouvelle demande à la ‘’casa de cambio’’ (maison de change) ; ça a marché du premier coup, fantastique.. ! 30 000 pesos, allez hop, 50€ encore. (ARG.) J’ai déjà dépensé 42 710$ (trajets de bus …). C’est bientôt fini je crois, pour les pesos chiliens, y’en aura plus autant.
            J’ai retrouvé mes affaires à l’auberge dans ma chambre fermée à clés, tenté d’accéder à internet, réussi (ou presque) ; ça rame, ça dépend du vent, quand je ferme la fenêtre ou que ça souffle moins, plus de signal. Ahah. J’avais déjà tendu un téléphone en l’air (pose méga-top..idiote) pour essayer de capter du réseau, mais un ordinateur, c’est la première fois ( !) (la pause est encore pire !). Bordel.
            Un nuage m’appelle. Un lenticulaire coloré qui change de forme devant la fenêtre. Je ressors.


            Je suis partie en courant, avec le sac photo et le trépied en main. J’ai couru pas mal, tout droit, vers le lac-mer qui borde la cité. Les nuages changeaient de forme à une vitesse incroyable, se teintant de rose orangé, qui se reflétait dans l’eau. A l’arrière, les montagnes, toujours habillées de rideaux de pluie, avec des parois et des névés qui apparaissent en transparence.
            Le quai. Encore 100m … un chat. 


 Un couinement. Un chiot tout duveteux qui mâchouille une fleur. C’est mignon. Ah, un deuxième chat. Un troisième. Un quatrième. Encore un. Un autre (gné). Toute une collection de chats qui m’observe. 




 Je pose le trépied sur le trottoir et ils viennent voir. C’est drôle ! Il y en a des petits), des plus grands qui restent sur la barrière, et le chiot, qui couine toujours. Un chaton m’aime bien. Un petit blanc et roux. Je le caresse, il miaule, il en redemande… il est assez attachant.  Pendant ce temps, les nuages passent tranquillement du rose au gris. De toute façon c’était trop tard.


 
             Je vais quand même chercher le ponton. Le chat me suit. Il est tout petit, il risque de se perdre… je le prends dans une main, léger comme une plume, hop. Devant la maison à chats. A peine posé, il revient. Il s’arrête. Miaule. Rhooo c’est attendrissant comme bestiole. Ne pas me retourner ; ne pas me retourner… Un autre chat s’est chargé de l’empêcher de me suivre.
            Le port. Je passe une grille ouverte, me fait intercepter parce que c’est ‘’prohibio’’ de passer. Et zut. Encore quelques minutes de marche et il y a un vieux ponton croulant, et des fleurs (et des oiseaux, et un camion qui rentre dans un bateau en reculant avec l’insupportable sonnerie traditionnelle). J’ai mis de la musique. Il fait sombre. Je suis seule près des navires en ruine. C’est spécial, mais j’aime bien.






            Revenir à l’hôtel… pas simple. J’ai oublié mon plan. C’est malin. Je tenais pourtant un bout de papier en main, mais c’était une pub, pas le plan (c’est moins utile). Mmh. Ce n’était pas censé être compliqué pourtant. Je n’ai tourné que deux fois, une en arrivant au quai et une à hauteur d’un pré avec des carcasses de 4x4 et embarcations où sautillent des enfants. Mais bon. La théorie et la pratique, c’est pas vraiment pareil. Et puis la nuit est tombée, et puis les chiens aboient (et puis quoi encore ?). J’ai croisé quelques repères : les vieux vaisseaux au bois pourri entassés derrière un grillage de fer ; la route qui serpente dans les herbes ; le canal qui sent les égouts, l’eau moisie et la putréfaction. (…) A gauche, mauvaise rue, des chiens m’ont repérée, on dirait une horde de caniches sombres bavards. Je me tends, esquisse un pas de travers… ils me foncent dessus et aboient de plus belle. Et je me souviens qu’il ne faut pas avoir peur, où ne pas le montrer du moins. Je les ignore, marche droit, ils grondent encore, et finissent par se lasser. Au revoir (Adios !) (!).


            Je marche. Avec de la musique dans une oreille et l’autre qui écoute le silence. J’hésite toujours. Le silence. Sound of silence. C’est bien aussi. Pas de parc ni de chiliens sautillants. Dommage. Tout à l’heure j’étais entrée dans l’église, m'étais assise quelques instants. Pourquoi pas après tout. Tout aide divine, si elle existe, sera la bienvenue pour ce que l’on s’apprête à faire. Il y avait du monde dans le monument, qui riait et prenait des photos. En fait, c’était un baptême.  Je ne l’ai réalisé que quand je suis repassée devant les portes closes du bâtiment. Et que j’ai repéré la toute petite fille habillée en blanc. Toujours est-il que, aide divine ou pas, c’est une énorme croix blanche avec un Jésus jaune stylisé accroché dessus qui m’a permis de m’y retrouver alors que je m’étais assise sur un banc devant un arbre en forme de sapin griffu.
            Pas de musique, j’ai prêté l’oreille aux bruits nocturnes d’aboiements, de moteurs, de vent dans les feuilles, de sons diffus qui s’échappent des boutiques. Une fois à la croix, c’était simple. J’avais toujours envie de salade, mais oublier le portefeuille est un bon moyen de se restreindre.
            L’aubergiste m’a ouvert ; j’ai payé mes nuitées à sa femme (14 000 $), et j’ai fini par oser lui poser une question insolite… Est-ce qu’elle aurait un fer à repasser ? Ma robe est toute fripée… Au lieu de ‘fer à repasser’, j’ai demandé quelque chose comme une repasse, mais bon, ils m’ont quand même prêté le bon objet.


            Alors que je repassais une robe elfique sur une table de restaurant couverte d’une serviette de bain avec un fer fuyant dont l’eau venait m’ébouillanter les pieds à chaque fois que je l’orientais d’une façon quelconque, une famille curieuse (qui mangeait à 4m de là) a entamé la conversation. Première question : tu veux boire du vin ? Lol. Hum. Mon estomac semblant stabilisé, j’ai accepté (…). Fini mon repassage, bu mon verre, ça va, l’aubergiste arrive, il a cassé le tire-bouchon dans sa bouteille et veut savoir si on en aurait pas un autre … Ah ! Deuxième tire-bouchon brisé dans le même bouchon (il est en quelle matière ce bouchon ?) Siguiente ! Le troisième a fonctionné.


            J’ai été invitée à m’asseoir autour d’une espèce de pique nique composé de chips, de moules ( !), de salami, d’une viande inconnue, et d’olives. Ce soir, j’ai donc mangé des chips et des olives. Quelle évolution. Première fois de l’année que j’arrive à suivre une véritable conversation en espagnol. Ca parle de photos, de travail dans un camping, d’éruption volcanique pour en arriver aux conquistadores (et aux indiens, du coup). Ils s’y connaissent, en conquistadores. 


            Minuit. Je vais me coucher. J’ai la flemme de faire mon sac, même si je sais que j’aurai du mal à 6h. Tant pis.





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