dimanche 10 juin 2012

22 mars.


//Husig m’avait déposé devant un aéroport. Il devait aller travailler. Avec sa camionnette réparée. Il m’a laissée là, il ne pouvait pas rester. Aux pieds d’une grande grille blanche, devant un bâtiment gris entouré de buissons vert foncé tout ronds pleins de toutes petites feuilles. Le ciel était gris, les nuages défilaient, les uns au dessus des autres. Je ne trouvais pas l’entrée. J’ai marché longtemps, devant ; sans réussir à pénétrer l’enceinte.
            J’ai enfin pu entrer, seule ou grâce à un garde, je ne sais plus. J’ai suivi un couloir et suis arrivée dans un gymnase sur une sorte de plateforme dont les bords étaient un mur d’escalade qu’il fallait utiliser pour descendre. La salle était très haute, toujours des murs gris, des étages clôturés par des grilles blanches. Au plafond, des fenêtres pas très transparentes, triangulaires, par lesquelles entrait une lumière blafarde.
            Sabrina et Elisa étaient là. Elisa était toujours prête à me suivre dans mes délires ; on a descendu le mur en désescalade et on s’est amusées à essayer de faire des voies dessus après, des traversées, sur la partie basse. Sauf qu’au bout d’un moment il a fallu remonter, et elle n’y arrivait pas. Elle est tombée, mais il y avait un tapis sur le sol. J’ai essayé à mon tour. Beaucoup de prises avec des trous tous petits et très profonds. Je n’avais pas assez de force pour monter avec les mono doigts ; elle encore moins. Je lui ai demandé de me passer les piolets. Elle m’a répondu qu’elle pouvait me les donner mais que ça n’allait pas me servir, je n’allais pas oser, comme d’habitude. Je les ai pris quand même. Et je suis montée en coinçant les pointes des piolets dans les trous.
            Presque en haut, je suis arrivée au niveau d’une prise en forme de poignée de porte qui dépassait ; je me suis accrochée là, mais je n’arrivais pas à tenir, j’avais des gants, ça glissait. Ma tête dépassait au dessus de la plateforme, mais pas moyen de m’y rétablir. J’ai appelé Sabrina, mais elle était occupée à se mettre du vernis à ongles, assise sur un épais tapis de sol et adossée à un des nombreux pans de bois de la plateforme.
            J’allais lâcher. J’ai regardé en bas, je me suis dit que je ne risquais rien ; mais le tapis n’était plus en dessous. Elisa a vu que je glissais ; elle est montée et m’a poussée vers le haut et j’ai pu me rattraper. Par contre elle n’arrivait toujours pas à monter. Je me suis relevée et éloignée du bord pour reprendre mon souffle. Tout à coup Sabrina m’a dit qu’Elisa avait vomi en bas. Et effectivement, elle avait vomi deux petits tas blancs ; et deux noirs, et des olives vertes. Sabrina s’est mise à crier alors que je cherchais une solution, assise sur le bord dentelé. //
(Ça n'a aucun sens.)

            Je me suis réveillée plusieurs fois, à deux heures j’ai regardé dehors. Il faisait assez doux, aucune étoile mais une luminosité étrange. 3h, toujours couvert, j’ai éteint le réveil pour 3h30. Je n’ai pas entendu celui de 4h, mais ai émergé à 5h. Toujours rien à voir. Maintenant il est 6h30, beaucoup de vent, quelques gouttes heurtent la tente parfois, j’ai l’impression. Il faut que je me décide à chercher les sachets de nourriture, il n’y en a qu’un d’imperméable. Je ne sais pas si je vais essayer de monter, la météo semble ressembler un peu à celle de l’année dernière.
            J’ai fermé les yeux et j’ai eu une vision du Fitz Roy ; avec une bande de lumière éclairant les falaises en rouge vif. Ca me donne quand même bien envie de monter, si le temps se dégage à un endroit et que le soleil sort ça peut être génial. Sauf qu’il y a peu de chance que ça se fasse, évidemment. Mais avec ce vent, on ne sait jamais.

//J’étais sur un bateau. On vient d’arriver dans une sorte de station au bord de l’eau. Un bâtiment blanc avec des portes arrondies. Perdu. Encadré de falaises énormes ; des montagnes très hautes qui plongent dans la mer. C’est le coucher de soleil. Il y a de sacrées couleurs. L’eau arrive jusqu’à la station, qui est un peu sur pilotis, la façade précédées d’une bordure de planches en bois. Je voulais prendre des photos ; mais je n’y arrivais pas, je n’avais plus de batterie, ou pas le bon objectif, ou filtre ; enfin bon. Je suis retournée chercher à l’intérieur chercher ce qui me manquait.
            Quand je suis revenue, je suis allée tout à droite, là où il n’y avait personne, sur une espèce de ponton en bois. Les monts étaient très sombres, mais encore de belles lumières dans le ciel. Mais chaque fois que je voulais prendre une photo, il n’y avait plus de lumière, enfin plus de couleur. C’était très curieux. Des bruits émanaient de l’eau. Sons diffus. J’ai approché mon oreille, et entendu le chant des baleines. Très impressionnant, mêlé au chant du vent. J’ai adoré. Je me suis demandée pourquoi tous les autres restaient au point de vue le plus simple, agglutinés ensembles. Alors que j’étais seule là et que c’était incroyable, même s’il n’y avait pas moyen de faire des photos.
            Parce que je voulais essayer, encore, je suis quand même retournée à l’intérieur, chercher encore quelque chose .. dans mon sac posé contre un mur blanc orné de fenêtres en rosace. Je suis revenue, passée à l’endroit rempli de monde. Une barque était entrain d’arriver. La lumière du soleil éclairait quelque chose à gauche, assez loin. Peut être des arbres colorés sur la rive. Cette berge était moins tourmentée, moins verticale que celle de droite.
            Tout à coup il y a eu un énorme craquement. On a tous tourné la tête vers l’une des obscures falaises verticales. Une énorme avalanche dévalait, rebondissant sur les plateformes et aspérités de la paroi de titans. J’avais mon appareil, j’ai pris des photos pour montrer à ceux qui étaient à l’intérieur. Les masses de neige et de glace plongeaient dans la mer, créant des vagues.
            La montagne a tremblé et s’est secouée. Comme si elle voulait se débarrasser de tous les obstacles fixés à ses flancs. Des blocs de glace énormes, presque tout un glacier a commencé sa chute du haut des contreforts rocheux, donnant vie à des veines blanches dans les fissures noires. Le mur de pierre a commencé à fumer. Je me demandais si c’était la neige vaporisée ou un volcan… on nous a dit que c’était un volcan, mais aucun danger, ça arrivait parfois qu’il s’éveille.
            Je suis allée m’asseoir sur le bord du quai toute seule, écouter le chant des baleines, les vagues se briser sur mes jambes ; regarder les résidus de neige tomber dans le liquide mouvant, le ciel qui s’était empli de nuages sombres, de cendres ; au loin toujours une lueur orangée alors que l’obscurité gagnait tout le reste.//

            8h20. Je regarde dehors. Des nuages éclairés d’une clarté jaune insistante. Merde ! Encore un levé de soleil de loupé. Ca m’ENERVE ! (et encore une page de sautée dans le carnet, malin). Comme hier, pantalon, baskets, GO. Pas même de thé, plus tard. J’ai eu l’intelligence (je n’ai pas eu la bêtise serait plus approprié) de courir dans la direction opposée d’hier, prendre du recul, mieux voir la forteresse en évitant d’être coincée dessous.

            Quasiment ce que j’avais vu dans ma vision ; une barre illuminée, plus rouge mais jaune avec un contraste incroyable. Les tours de pierre se découpaient nettement sur les nuées sombres ; que le vent menait à sa guise (mouvement déjà bien visible sur une pose de 2s (?!)). 





La tache de lumière s’est promenée d’un pic à l’autre ; je suis allée jusqu’aux marécages, essayer de trouver un reflet malgré le vent. J’ai guetté les moments plus calmes aux pieds d’un bonzaï, le trépied au ras de l’eau un peu boueuse et des épis oscillants. 

  Quand j’ai réussi à mettre l’appareil plus près du reflet encore, … batterie vide. GNE ! Pas d’autre bien sur, elles sont au camp. J’enchaine vraiment une splendide succession d’erreurs de débutant. J’ai donc contemplé sans lentille intermédiaire la montagne dominante se faire engloutir, et je suis rentrée manger mes chocapics (sans lait, peut être mieux) et mon thé.
            Maintenant je suis dans la tente entrain de finir un paquet de ‘’craquelets’’ (crackers carrés) assez bons, et de regarder des oiseaux assez jolis s’aventurer dans l’abside. Piedras Blancas m’attire assez, je vais surement aller voir (suffit les ‘’assez’’… !)
            13h. C’est parti ! J’ai mis les deux sacs de nourriture dans le sac de couchage. Un rongeur n’aura pas l’idée de fouiller là quand même ( ?). 


            Je voulais aller à Piedras Blancas, mais mes pas m’ont amenée directement à la cabane (je n’ai pas tellement réfléchit en marchant). Elle était bien accueillante, toute contente d’avoir de la visite. La forêt scintillait de mille rayons de soleil rebondissant sur les feuilles. Il faisait clair à l’intérieur, quelques sachets de thé trainaient, des vieux couverts sur une planche, un papier jauni, une grille de barbecue bricolée avec du fil de fer. Ces multiples détails qui témoignent que quelqu’un est venu là ; hier ou il y a une semaine, il y a une heure ou un an. Un peu de vie. Posé au dessus d’une fenêtre, un objet à première vue inidentifiable. J’ai pensé à un œuf verdâtre cassé entouré dans du journal, élaboré une théorie quand au fait qu’un ovni visqueux avait pu s’écraser là sans trouer le toit, puis j’ai regardé mieux … un oignon. Un OIGNON grignoté. Mmh je ne sais pas si le mulot a apprécié. Je me suis baladée un peu autour, puis j’ai retrouvé le chemin vers ma destination initiale.
 

             Le sentier longe le Rio, tantôt dans la forêt tantôt sur les pierres du lit de la rivière. Il dépasse des arbres couverts de lichens et de squelettes blanchis, des effondrements de terrain et des buissons multicolores. Puis ce sont des blocs de pierre géants. Signes de la présence antique d’un glacier. Ca va un peu à gauche, passe entre les cailloux de la taille d’une maison entre lesquels poussent (e ne sais comment) quelques nothofagus miniatures. Je me suis arrêtée au pied d’une touffe rouge (ou alors c’est elle qui s’est roulée en boule à mes pieds) ; sous un rocher énorme. Face à un glacier tout aussi énorme surmonté de l’une des tourelles de la forteresse, avec la pointe du Fitz Roy qui dépasse à gauche. Gnwarg. Je me suis assise par terre. Tenté de faire des photos du glacier au 300mm. Déliré un moment sur le piqué de l’objectif (qui est tout mou, qui va pas piquer mémé, qui est peut être malade, qui est bien loin du cactus, etc (ETC)). Hahaha. Hum.



             A ce moment est arrivée une femme avec un petit sac, qui m’a demandé si je parlais espanol, inglès, frances ? Puis m’a interrogée en espagnol sur la disparition du chemin et la direction à prendre pour le retrouver. (Oui, ça fait un moment qu’il n’y a plus de réel sentier, juste des bifurcations successives sans suite entre arbustes et rochers). Elle voulait aller à Poincenot, je lui ai dit que je campais là bas aussi et lui ai expliqué un peu comment y retourner. Elle m’a demandé mon nom, si j’étais seule, d’où je venais, … ‘Ah c’est cool, on pourra se retrouver ce soir, on boira du vin ensemble’ (en espagnol)… Hein ?! (Je ne sais pas si c’est une bonne idée pour moi, de boire du vin, là.) Mais bon, c’est sympa… Mmh. Elle est partie en disant ‘à ce soir’. Intéressant. C’est peut être une coutume locale, boire du vin pour faire connaissance. Hum.
            Je suis allée voir le lac, en laissant tout le matériel posé là. (Peu de monde de ce côté.) J’ai bien fait. Au début c’est un petit chemin pépère dans les cailloux et petits arbres. La suite est assez abstraite. Passage dans les gros blocs ; je suis montée à un endroit ou j’étais pas sûre de pouvoir descendre ; (j’ai vu le lac, bleu, sous le glacier un peu suspendu) et effectivement j’ai eu la trouille de redescendre après… Ce n’était pas très haut ; mais un passage ou il faut désescalader, ou sauter et bien viser pour ne pas se coincer les pieds entre des pierres énormes. Si je me casse une cheville dans un endroit paumé, … bof( !). Je suis revenue trois fois au même point, j’ai essayé de redescendre, pas osé, fini par grimper plus haut encore, passer au dessus des gros blocs pour redescendre dans la moraine instable en me demandant une bonne dizaine de fois ce que je foutais là en baskets de course. Mais je suis revenue ! A mon poste buissonné entre les deux murs de pierres branlantes gigantesques. (La moraine est vraiment impressionnante.)
            Côté météo, soleil ; avec des amoncellements de cumulus qui passent, alors que du côté du Fitz Roy il n’y avait plus rien à part un nuage flamboyant qui remonte les parois en continu. (Je ne comprends pas d’où sortent les cumulus sombres ; le vent vient toujours du Fitz.)



 
            J’ai commencé à me sentir faible (besoin de manger). J’ai entamé le retour, me suis arrêtée faire des autoportraits sous un bloc près d’un ‘arbre’ encore assez vert, puis tracé jusqu’au camp. Pour la première fois de la semaine, j’ai mouillé mes chaussures (sur le sentier !)… ça tient de l’exploit, en tant normal elles auraient elle-même sauté dans la première flaque.. ! Maintenant chercher de l’eau, laver le bol ; chauffer l’eau. La routine ou presque, agréable tant qu’il fait beau. Courir en descendant, essayer de ne pas tout renverser en remontant… Au menu ce soir, soupe ! Avec des vermicelles ! Je me réjouis.



           C’était pas mauvais. Presque un peu bon. Soupe aux asperges (qui a débordé) ;pâtes jetées dedans une fois le feu éteint… C’est la bonne tactique. L’ennui c’est que le temps de se resservir, ça a macéré dans l’eau > bouillie. Moui. Mais bon.
            Je me suis demandée ce que j’allais faire avec l’espèce de pâté aux asperges qui restait dans la casserole… le problème s’est résolu de lui-même. Je suis allé faire des photos (enfin surtout regarder, disons) du Fitz Roy qui soufflait un nuage de feu ; j’ai senti que j’avais quasiment faim ; … donc ma pâte de pâtes, en revenant, …je l’ai mangée ( !) (malgré la consistance) ! Il en reste un peu incrusté dans le fond. J’ai mis la casserole dans la tente… les mulots ne seront quand même pas assez affamés pour venir manger CA ( ?). Je suis sure que les poignées de mes bâtons sont aussi bonnes.
            Le camp s’est bien vidé, depuis hier. Un groupe d’israéliens est arrivé, assez tard. Un gars qui s’apprêtait à me prendre en photo alors que j’enlevais ma polaire (pas de bol, c’était pour mettre la doudoune, et j’avais une chemise en dessous (éhé)) m’a proposé de venir boire un café avec eux. Je ne suis dit que j’allais faire encore une des gaffes dont j’ai le secret en acceptant (je ne dors pas de la nuit si je prends un café le soir)… mais il y avait aussi du CHOCOLAT CHAUD (incroyable !). Ils sont gentils, on parle en anglais ; une des filles parle un peu français, elle aime bien essayer. Quand je ne comprends pas un mot, ils expliquent autrement. C’est pratique. Deux autre israéliens sont arrivés, je ne sais pas d’où ( !) et les discussions ont repris un peu plus en hébreu. Complexe. Ils sont tous (6) là depuis 2 mois ou plus en Amérique du Sud ; ne se connaissent pas à la base, mais ils se sont trouvé à Ushuaia il y a deux semaines, d’autres avant encore, c’est drôle. La ils sont entrain de prendre leur deuxième repas de la soirée (lol. Hm.) J’ai fait la folie de leur dire que j’avais déjà mangé, et je vais me coucher. Réveil à 2h. En espérant que je ne me lève pas de plus en plus tard à mesure que je mets le réveil plus tôt. Le ciel est limpide. On y croit !


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