27 mars.
On est dans la tente. Pas beaucoup dormi… rafales énormes, et pluie.
Il y a 1692 trous sur un tapis de sol comme le miens. On a compté.
28 mars.
Je
suis de nouveau dans la tente. On a passé la journée d’hier à attendre, c’est
pour ça que je n’ai pas parlé. Alexandre était malade, il n’avait quasiment pas
dormi de la nuit, et moi je faisais des rêves bizarres entre chaque moment où
on se réveillait. Il est sorti, on a discuté un peu, … François dormait
toujours à côté, je ne sais pas comment il faisait.
Grand
rassemblement à midi pour faire une sorte de point après s’être reposés le
matin… on en a déduit qu’on allait ou partir, ou rester là… partir, mais pas
aller loin, … finalement, François et moi sommes allés voir jusqu’au Rio
Polone. Les pierres étaient glissantes, pas autant qu’on l’aurait cru,… mais
avec les sacs c’est toujours dur. Donc on est revenus ; et resté là. On a
pu essorer la totalité de nos épaisseurs de vêtements, gore tex comprise…
On a joué un peu aux cartes, au ‘trou du cul’, au fantasy étrange, et on a
compté les trous des isolants,… et même des deux isolants conjugués,… et même
des monticules et monticules inversés de la totalité de chaque face des deux
isolants. On s’est demandé si on allait en arriver à dénombrer les gouttes ou
les petits carreaux de la toile de tente, … mais finalement est arrivée l’heure
d’aller se coucher, au bout d’un moment.
Le repas s’est fait dans nos tentes
respectives (toujours trois dans chaque). Maintenant on s’est un peu reposé,
quand même, en se réveillant pas mal aussi. François a moins dormi cette fois,
mais il a fait la marmotte presque toute la journée d’hier (incroyable quand
même).
Le ciel
va encore faire quelque chose d’incroyable…. ! Le temps s’est pas mal
dégagé, même s’il y a toujours beaucoup de
vent. Il a plut beaucoup cette nuit et la rivière a gonflé, les endroits
où l’on prenait des photos sont maintenant immergés. C’est un peu le Mordor,
dehors. Il a neigé, pas ici mais un peu plus haut. Le vent a bougé des pierres
pendant la nuit et enlevé les sardines qu’on avait plantées. C’est assez
violent quand même. En fait, la tente n’est plus accrochée à grand-chose, là.
Cette nuit, une impression d’être dans une turbine infernale a perduré. Entre
le bruit colossal du torrent qui s’intensifie, la pluie, les rafales et les
séracs qui roulent au dessus, c’était assez terrible.
On a failli être inondé, aussi. Les pelles à neige ont enfin pris tout leur
sens. Du côté de Xavier, ils ont du reboucher une sorte de marre qui s’étalait
autour de la tente, et on a creusé un conduit autour de la notre, ainsi qu’un
bassin pour que toute l’eau déviée ne nous revienne pas dessus. Pas mal de
choses commençaient à être trempées, même les sacs qu’on avait surélevés dans
les absides grâces à des cailloux. L’imperméabilité de la tente a été pour la
première fois mise à rude épreuve…. Il commençait à y avoir un bout de flaque
qui s’infiltrait dedans par un coin à cause du contact des cailloux.
Il est 11h30. Le dictaphone est mouillé (comme tout le reste). On vient de finir de manger, après avoir pique niqué juste avant Piedra del Fraile, là ou il y a un gars qui doit nous faire payer 75 pesos et qui n’a pas du nous voir à l’aller. Il y a une sorte de nuage qui nous court après, mais il a l’air un peu coincé sur le col Marconi, le cordon Marconi, le glacier Marconi, et le refuge Marconi, surement. Le Fitz Roy fume, il est bien plâtré en haut et en bas… mais pas au milieu.
On a craint de se faire inonder ce matin, de voir la tente flotter et les poissons passer, et tout ça ; mais finalement ça s’est assez bien passé. J’ai rêvé plein de choses différentes, donc une fois qu’on était dans la tente, qu’on jouait, et que je rêvais qu’on allait être bloqués là, longtemps, à la playita. A jamais, peut être. J’ai imaginé pas mal de choses différentes en dormant, mais toujours un peu dans le même registre ; on était bloqué, ou on était dans un refuge en montagne et on ne pouvait pas sortir parce qu’il pleuvait, il y avait du vent, ou un ras de marrée, ou qu’on devait traverser une rivière énorme en chaussettes, avec les nuages qui défilaient à tout allure … tout se ressemblait un peu, ça aurait pu arriver.
On a passé le Rio Polone qui n’était pas si terrible finalement. Maintenant je viens de prendre la pulka, encore 2kg de plus, ça va être assez abstrait, mais je pense que ça ira pas mal, il n’y a plus que du plat et de la forêt … et .. du vent. Mais il nous pousse dans le bon sens, souvent.
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