lundi 11 juin 2012

23 mars.

            Bon, je suis au Lago de los Tres. J’ai les doigts gelés. (Dommage qu’on ne voit pas les différences d’écriture ici). Hier soir le ciel était pur. J’aurai du monter de suite. A 2h, j’ai sorti la tête… plus RIEN. Pas une étoile. Une goutte de pluie perdue m’a saluée. C’est triste. J’ai éteint le réveil de 3h, en ai laissé un à 4h et me suis ré-enroulée dans mon sac, avec une pensée pour Alexandre, Mathieu, Xavier, Manue et le guide François qui partiraient surement bientôt, ce matin je crois ; et Husig qui devait partir travailler. Sabrina et Elisa qui iraient bientôt à la fac. Et tous ceux qui dorment.
            J’ai peu dormi. J’avais mis du temps à fermer l’œil en me couchant, déjà. Les israéliens faisaient du bruit, des ombres indéfinies se promenaient et il me semblait parfois sentir la terre vibrer et gronder. Après 2h, j’avais les pieds gelés, malgré les chaussettes d’alpinisme. J’ai finalement cédé au besoin de repos, dans l’étreinte de mes propres bras.
            Je ne saurai jamais si j’ai réellement entendu la sonnerie de 4h ou seulement rêvé que je l’éteignais, regardais dehors et ne voyais toujours rien. A 6h, ça a commencé à remuer autour ; des bruits de couverts, réchauds, voix endormies. J’ai mis du temps à sortir. Dernière à quitter le camp à 6h40. Je n’ai pas eu peur dans les bois (c’en est presque effrayant). Je dois avoir un bouton peur ON/OFF.. même s’il a pas mal de ratés ! L’ambiance est particulière, de nuit. Le ciel s’était dégagé au dessus des montagnes (forcément). L’est a vite commencé à se teinter de rouge sombre, sous une couche de nuages. J’ai pensé que le soleil allait sortir par-dessous, ça aurait pu être génial… ! 1h pour monter environ, chocapics sur place.

            Les nuages ont bougé, le soleil n’est pas sorti. Il commence juste à émerger entre deux strates maintenant. Grrr. 9h13.


             Il doit être près de midi, je range, les israéliens prennent leur deuxième petit déjeuner ou 1er repas de midi, je ne sais pas. Moi j’ai du thé, et de la soupe (avec un peu de nouilles dedans, bien sur !). Derrière les branches tourmentées, on voit que les nuages ont donné l’assaut à la forteresse des temps anciens. Pour l’instant elle résiste.
            12h40. Les autres sont partis. Ils m’ont laissé leurs noms pour que je les retrouve. Mon sac semble légèrement plus petit qu’avant, c’est bien ! Ca m’embête un peu de devoir ramener de la nourriture prévue pour cette semaine (1 paquet de pâtes, par exemple… mmh). Un gars bizarre vient d’arriver, il m’a demandé ce que j’avais pu faire ici 3 jours (ça avait l’air de lui sembler énorme !), il m’a montré ce qu’il avait fait, ce qu’il veut faire, dit qu’on était crazy de vouloir passer là bas derrière sur le hielo ; m’a demandé mon âge (fatalement, je ne passe jamais à côté). Je vais y aller avant qu’il ne vienne me demander ce que j’écris !

            Il est parti ! (OUF !) Pas moi encore. Il a monté sa tente et va se promener ; après avoir eu le temps de me demander si je voyage seule, combien ça coute un guide (cher), si je fais de l’auto-stop, conseillé d’en faire, … (…) … ! Rien qu’à regarder ce sac, j’ai mal au dos… mais bon, hop !
            Je ne suis pas partie à temps. Les nuages l’ont emporté et envoient leurs coursiers venteux faire passer le message dans tout le royaume. L’entité suprême crache ses rafales d’ordres dans un maelstrom de grondements et de pluie. J’ai du mal à avancer parfois, à cause du vent. La pluie arrive par claques humides.
            Ca n’a pas duré heureusement. Le vent si, l’humidité, moins. J’ai retraversé les forêts, marécages, ponts, buissonades multicolores, ruisseaux, … Encore 3-4km et j’arriverai en ville. Je suis assise sur un gros tronc penché, avec le sac. Au niveau du mirador Fitz Roy (toujours en prise avec les nuages) il y avait un troupeau de personnes en rouge dans les bois entrain de prendre des photos. J’ai trouvé drôle, j’ai voulu prendre une photo d’eux et le plus proche en me voyant m’a dit ‘’they don’t move’’. Hum. J’ai regardé les arbres et enfin compris ce qu’ils prenaient en photo. Ca grouillait de woodpeckers. Je ne sais pas ce que c’est en français, des piverts avec une huppe et une tête rouge. En tout cas j’ai passé 15 minutes à les suivre dans les bois avec mon immense sac ; ils ont du trouver ça drôle. Ils se laissaient tellement approcher parfois que j’étais trop près pour faire la mise au point du 100-300. Au bout d’un moment, j’ai laissé le groupe et les oiseaux pour continuer. J’ai pas mal marché en imaginant la salade que je vais me payer ce soir, et je vais continuer d’ailleurs … c’est une bonne motivation (un peu comme la canna a pêche avec une carotte pour faire avancer une mule …).
            Un vieil homme chargé d’un sachet plastique vient de me demander combien je portais. Il ne voulait pas entendre 30kg, j’ai du lui répéter en anglais et en espagnol. Aha ! Après, il m’a demandé … mon âge. Ca l’a fait sourire, et impressionné je crois. ‘Personne ne porte 30kg à 19 ans !’ (anglais). Aller, je vais essayer d’arriver.



            Ne JAMAIS entrer dans un supermarché quand on a faim, c’est pourtant simple… ! (Là, je viens d’en faire deux.) Bref. Je suis allée au Condor. La traversée de la ville a été dure, pire que le reste de la marche j’ai l’impression. Très long. Avec des amas de touristes qui me fixaient avec un regard curieux. Des vététistes, des chiens, des vieilles voitures borgnes rafistolées, un gros 4x4 un peu défoncé et re-scotché , des carcasses automobiles sans roues posées sur des souches ( ?!), des tas de restaurants et du vent, beaucoup, de vent. Et l’avenue bétonnée interminable. Ma première réaction devant l’hôtel a été de me retourner, de voir une partie du Fitz Roy, à sa gauche une montagne dont la crête enneigée apparaissait sous un rideau de pluie devant un nuage ensoleillé et sous un nuage noir, de me dire (à voix haute) ‘’waaaa c’est beau’’ sans broncher ni esquisser le moindre mouvement pour sortir l’appareil. Hum. Logée dans la chambre 2, lit 3 en bas. (Miiiince un rayon de soleil qui passe entre deux tours du château ! Euh .. on va dire que je m’en fiche, hein.) Je suis partie faire les courses. Mauvaise idée. Vraiment. J’ai déjà mangé un yaourt, une barre de céréales et un paquet de chips cylindriques (qui m’ont coutées deux fois pus cher que prévu). J’ai aussi acheté du riz au fromage, du riz (sans fromage), de la purée (pas de pâtes), du fromage bleu, deux œufs, une soupe aux pâtes (pour ne pas être trop dépaysée) ; et quelque chose de… plus abstrait : des oignons séchés. Je ne sais même pas ce que je vais en faire, sur le moment j’ai pensé ‘sauce pour le riz avec crème, curry, oignon et champignons’. Sauf qu’il me manque la crème, le curry et les champignons. Donc bon.
            Mes voisines de chambre voyagent aussi pour plusieurs mois, elles viennent d’Italie, d’Allemagne et du Canada, je crois. Ca me donne bien envie de traverser l’Amérique du sud. Ha oui, j’ai acheté un nouveau carnet… donc bientôt je vais laisser celui là un peu tranquille. Pour l’instant, douche, lessive et chargement des batteries. J’ai aussi trouvé une enveloppe. Et un timbre mais qui ne va pas pour l’enveloppe, si j’ai bien compris. J’ai dépensé beaucoup trop pour les courses, presque 100$ (pesos hein) ; je suis entrée dans le restaurant qu’on avait trouvé en revenant l’an dernier (passé 15 minutes à reconstituer le trajet alors que j’étais déjà passée devant), j’ai poussé les deux portes grinçantes, le cuistot ne m’a pas entendue. J’ai recommencé. Non plus. J’ai pris une carte sur une étagère, regardé les prix… et suis ressortie. Prochaine fois la salade ! J’ai mangé des œufs cuits dans une poêle… avec de l’eau (pas trouvé d’huile), du riz avec du fromage et des oignons déshydratés (réhydratés dans le riz). C’était pas si mal, même très bien comparé aux autres jours !
            Il est 21h52 et je m’endors. Je ne sais pas ce que je fais demain à part attendre l’arrivée des autres et le séchage de mes habits. En parlant d’habits, je ne savais pas que les chaussettes étaient si difficiles à nettoyer ( !). Hm. J’espère qu’il y aura un peu de vent cette nuit pour accélérer le processus d’évaporation, sinon je ne sais pas ce que je vais faire (les affaires sont suspendues à des cordelettes et sangles entre les fenêtres de la chambre et une échelle (…) qui passe à côté de la cuisine de l’auberge.) Bon, je vais éteindre les réveils et me coucher je crois. …
 





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