samedi 14 juillet 2012

19 avril. Dernier jour.

            J’ai fini par trouver une position stable avec un pied sur mon siège et l’autre dans la pochette de celui de devant. Puis les deux sur le siège. Puis les deux en bas. Derrière, le futur champion olympique a du sombrer après avoir encore fait quelques étirements.

            // C’est à ça ressemblerait mon cadavre si je me faisais piquer par un scorpion, seule au milieu du désert des Andes. La peau noircie. Les habits qui s’élèvent sporadiquement avec le vent, pour recréer l’illusion d’une respiration qui n’existe plus. Le carnet à côté du corps. Où j’ai écrit en dernier que je n’en peux plus. Je vais attendre là en espérant un passage. Peut être à jamais. Les pages un peu déchiquetées bruissent. //  (Bon ...)

            // On est dans le parc des Torres, au milieu de nulle part. Il fait chaud, soleil et nuages. Le temps est très sec. Des gerbes de poussières décollent des buissons lorsqu’on marche dedans. On veut planter le camp. Mais on est poursuivis. Il faut faire vite ou nous ne serons plus les premiers. Des troupeaux de guanacos s’écartent en galopant dans n’importe quel sens devant nous entre des monticules. Moi je ne chasse pas. Il faut les prendre à revers, mais je vais attendre ici.
            Abrutis de lamas, on ne peut pas lancer une tente sans provoquer une crise de panique. Il faut s’en éloigner où ils vont sauter dans un précipice.
            On a monté une tente de touaregs. Des tourbillons de poussière s’élèvent dans un vent cinglant. Je rentre dans la toile. Il y a une pendule. Qui égrène bruyamment les secondes. /

            Allumage de lumière. Mes YEUX bon sang. Éteignez ça ! Mmh. Il est 6h05. Le petit déj. va arriver, bientôt. Repas végan = vraiment expérimental. J’ai très envie de me rendormir (maintenant .....). Le jus d’orange est encore plus chelou que tout le reste. On est au niveau du détroit de Gibraltar, 1h04 to destination. , ... SAEZ, ♫♪ Debbie pour me réveiller. Ah tiens, un sandwich aux tomates. BON. (Au moins j’ai droit au pain cette fois.)
            ‘’Autour de moi les fous font la conversation. Les données du système moi je n’y comprends rien ; à la table des rois on a jeté les dés. ‘’ ... ‘’Demain nous verrons bien ; toujours pire je suppose, au plus bas du tréfonds de la nature humaine’’.... Voui...

            J’ai une bonne toux caverneuse. J’imagine bien mes poumons comme des grottes sombres secouées par des séismes puissants, et ou une strate humide se déchire et s’éboule à chaque fois. La fille à côté est malade aussi.
            Papyros’N. ... souvenirs. Le film de tout à l’heure, c’est ''La invencion de Hugo Cabret''. 


     Terminal de Madrid.
            Un homme vient de passer avec une trompe d’éléphant en main. C’est normal ? (Ca devait être un mulin coudé.) J’ai aussi vu quelqu’un marcher dans la lumière du plafond, en reflet. (Hum. Ce devait être le reflet d’un reflet.) Tout cela dans le méga airport de Madrid, où je traine depuis 4h40. J’ai parcouru le labyrinthe jusqu’à arriver aux bagages, dont j’ai observé le défilé à travers une vitre pour ne pas être obligée de sortir. Pas de gros machin jaune. J’espère qu’il ne s’est pas égaré dans une contrée lointaine perdue entre deux continents.
            Une elfe s’est assise en face de moi. Image quelque peu altérée par le téléphone dans la main droite et le sandwich dans l’autre. Longs cheveux noirs, oreilles qui dépassent parfois entre deux mèches. Visage fin au menton pointu mais doux, nez aquilin, sourcils bien tracés sombres qui surmontent de grands yeux bleus surlignés de noir. Tunique beige sobre, bottines... (Juste dommage qu’elle rumine un bout de pain tout en consultant ses messages. Ma vision est manifestement en décalage total avec le personnage réel. Mais bon.) Bref, j’ai traversé tout le hall à la recherche d’une prise électrique. Je sais qu’il y en a au moins UNE. Mais une dans un hall qui fait ‘9 min’ + ‘5 min’ de marche, ... c’est pas beaucoup. Tout au bout, ma quête aboutit. Je me suis étalée par terre, j’ai branché l’ordi, posé mon sac, fermé la poche avec le portefeuille, (celle avec le mouchoir aussi), fermé le sac. Je me suis allongée par terre, j’ai mis Anathema, la tête sur les fermetures éclair du sac, l’ordinateur callé entre mon dos et le mur. Tout ça pour fixer le plafond pendant 1h (et voir quelqu’un se promener dans la lampe). J’ai migré petit à petit vers la (multiple) porte K. Des nuages pleins de textures stagnent devant la fenêtre. J’ai fini mon pain. Y’a plus rien. Départ 15h25... encore deux heures avant l’embarquement.

            J’ai passé les deux heures à faire des additions de milliers de grammes et à m’interroger sur des problèmes irrésolvables de sacs trop lourds. Maintenant, il serait l’heure de décoller... normalement. Embarquement 15h34 et départ 15h25 me parait ... mmh ... incohérent, j’aurais tendance à dire.
            Ah ! K84, 15h55 le départ.
            16h05 en fait (gné).


            16h00. J’ai failli louper l’avion ! Enfin le bus pour rejoindre l’avion (je n’comprends rien). Apparemment on m’a appelée au micro, mais j’étais entrain d’attendre que le blocage général de la machine dans laquelle j’avais inséré ma carte (et surement généré par ma carte) cesse. (Je suis allée acheter à manger, j’ai craqué). Et puis c’était marqué embarquement 15h47. Il était 46 quand je suis arrivée. (Et puis l’avion est entrain de boire son tonifiant à base de pétrole avec une longue paille qui plonge dans la piste là bas.) Et puis évidemment, maintenant, je n’ai plus faim.
            Le ciel est plein de mini-cumulonimbus aplatis assez sombres. A gauche, de la neige, pas loin. A droite, la buse variable métallique de Mathieu et Alexandre est sans doute sagement posée, à quelques centaines de mètres. Ce n’est écrit nulle part qu’on va à Strasbourg mais la porte est close. Et on y va.

Il y a très peu de monde dans cet avion... peut être une dizaine de personne en tout. Les deux devant moi lisaient des revues en espagnol … aucun indice ne me permet de dire que je vais réellement à Strasbourg… je déteste cette précipitation. Je me suis rendue à la porte d’embarquement à l’heure pile théorique d’embarquement après un retard de 45 min. L’homme m’a demandé si j’étais bien Sarah, il fallait que je descende au plus vite sinon j’allais louper le bus qui me conduirait à l’avion … pourtant … j’étais tout le temps devant le bureau à part lorsque j’ai eu ce problème de carte bancaire juste au mauvais moment. L’avion a une assez belle forme, plus fin, plus élancé que les autres. J’espère qu’on arrivera au bon endroit. L’hôtesse a annoncé que le trajet durerai une heure cinquante … normalement ce n’est pas tout à fait ça. … Enfin comme il est plus élancé, il ira peut être plus vite, je ne sais pas… !



Ne pas tenir un journal ou un dictaphone risque de me faire bizarre… ça fait un mois que je passe mes journées à écrire et raconter. Ca prend énormément de temps mais me permet de me souvenir de plein de choses… Le ciel est empli de cumulo-nimbus jaunâtre, gris sombres, blancs, … un champ de moutons nuageux. J’ai acheté à manger parce que j’avais faim … et c’est très bête, car maintenant avec le stress je n’ai plus faim du tout. J’aurai du patienter 5min. .. ça m’aurait évité de me précipiter, de manquer de manquer mon avion … ça m’aurait évité bien des problèmes … mais aussi de ne plus avoir faim une fois les choses achetées… du coup, j’aurais peut être continué à avoir faim.
                En tout cas, le voyage arrive à son terme … l’oiseau de fer longe des nombreuses pistes avant de prendre son envol. On m’a fait ranger mon appareil … c’est nul ! 

 
Je pense aux autres qui viennent surement d’arriver, il y a normalement 1/2h. J’espère qu’ils passeront un bon vol pour leur retour et qu’ils ne s’embêteront pas eux aussi à attendre je ne sais combien d’heures ici… Je ne sais pas conclure, donc… ça s’arrêtera comme ça. Fin du voyage patagonien …. J’ai hâte que ça recommence.



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