vendredi 6 juillet 2012

11 avril.

            // On était dans une librairie. Ou alors dans un hôtel, et on feuilletait des livres. Il y en avait un avec des images de montagne magnifiques... et une chute bleue turquoise avec les bords gelés devant. Les pierres étaient verglacées autour.
            Alexandre m’a dit qu’il avait repéré cet endroit, c’était là où il voulait se rendre. C’étaient en fait les montagnes d’ici, sous un autre angle, inconnu. Il fallait absolument y aller .... sauf qu’on avait pas le temps. Et puis là, les chutes ne seraient pas gelées... il faudrait revenir. En planifiant un autre voyage où l’on n’ irait pas devant Fitz Roy, c’était complètement différent. On irait derrière, et à cet endroit superbe aux Torres.
            On allait sortir et profiter du temps qui nous restait, même si on n’avait pas le temps d’aller là bas. On est allé dans la forêt. Il fallait traverser d’énormes rivières sur de très fins troncs, des sortes de canyon entre des arbres énormes. J’essayais de grimper dessus … il fallait s’assurer, c’était vraiment de l’escalade.
                On devait aller payer l’hôtel. On est revenu, on a à nouveau feuilleté un livre… et vu de nouveaux endroits magnifiques. Je devais demander en espagnol où ils étaient. Je demandais aussi confirmation pour des endroits que je connaissais. Le personnel n’était composé que de filles, qui nous donnaient les renseignements.
                On marchait sur un chemin de randonnée qui grimpait beaucoup dans des blocs instables et des buissons. Puis à une grande forêt où il fallait grimper dans un arbre gigantesque. Je n’ai pas réussi. On s’est dit qu’on réessayerai le lendemain, mais on devait tous partir, une seule personne est restée. Je crois que c’était un guitariste qui voulait faire un duo avec moi. Il a voulu tenter l’ascension en solo, mais il s’est planté… je lui ai dit que j’aurai pu rester pour l’assurer mais il voulait essayer seul. Pas bien grave mais nouvel échec. Le surlendemain on s’est à nouveau tous réunis, mais sans avoir réussi. En haut de cet arbre et de son énorme tronc rayé se trouvait une plateforme, très haute, faite (tissée) avec les branches… sorte de maison d’elfe avec un escalier en colimaçon. J’ai essayé plusieurs fois de l’atteindre, et à force, j’avais les mains couvertes de bleus étranges qui se trouaient sans laisser de sang s’écouler. Je suis allée grimper sur un autre arbre… j’ai lancé une corde par-dessus une branche pour m’aider, et j’ai commencé à m’élever … mais j’entendais les branches qui cassaient au fur et à mesure que je montais. Deux personnes en dessous nous observaient et admiraient ce que l’on faisait. Elles nous pensaient spécialistes… et ont été déçus quand ils ont su que ce n’était pas le cas. ‘T’as vu, en fait ils n’ont même pas d’autorisation, ils font n’importe comment, …’
                La branche où était accrochée ma corde a cassé, j’ai pu sauter sans dommage. Il fallait retraverser un canyon pour arriver à notre camp de base dans les bois. En le traversant, et en montant une sente dans une barre rocheuse, on a croisé des filles avec un livre. Sur la couverture, un nouveau lieu magique. On leur a demandé où c’était. … Et on est arrivé à la cascade gelée… qui n’était pas gelée, c’était l’été. Cinq jeunes femmes lavaient du linge en différents endroits en plein milieu de  la rivière. On leur demandait où étaient tous ces endroits magnifiques leur disant que nous, on grimpait aux arbres. //

                La discussion hier soir s’est fini tard. Une heure du matin. Entre Alexandre et Xavier majoritairement. Je suis restée là un bon moment, comme Mathieu. Puis, je suis partie écouter un morceau de musique sur le ponton. La nuit. La lune éclairait les Torres qui se reflétaient dans le lac. .. J’ai trouvé ça joli. Même s’il y a toujours une crainte de la pénombre, qui traine… je m’attendais toujours à voir un puma surgir.

                On s’est réveillés à 6h15 ; 6h45, 7h, 7h15, 7h30 et 8h20. J’ai eu le temps de rêver un peu entre temps… j’ai fait deux rêves mais ne me souviens pas vraiment du premier. Le gars de l’agence de location est venu changer la voiture … c’est bien, on en a une qui a encore une meilleure tête. .. et qui cette fois ci devrait aller vu qu’il s’est rendu avec jusqu’ici. .. Bon 4x4, un peu plus grand ; avec une place dans le coffre (…). Mathieu est malade, il pleut, on ne voit plus rien, je vais aller remplir la casserole d’eau chaude pour préparer le petit déj. … Hier soir on avait un problème de moucherons qui plongeaient dans nos assiettes, … et bien là … je peux essayer de compter ceux qui sont sur les éviers extérieurs, pour voir … c’est vraiment impressionnant ! Il y a des tas de moucherons. Par exemple sur une bande d’environ 10 cm sur 2 … il y en a …. 18. Et encore. En certains endroits, ce sont des amoncellements : ici, 2cm sur 1 : … mmh … 30 environ. Ce qui fait une quinzaine au centimètre carré, tout ça pris dans l’eau, et en phase de séchage sous forme de magma de moucherons (berk). Je n’ai toujours pas trouvé mon bol, il s’est peut être envolé vers des terres inconnues. …

                // On était à Puerto Natales, il pleuvait .. on a décidé d’aller manger dans un restaurant. On avançait dans les ruelles de pêcheurs. On est entré dans une bâtisse au haut plafond. Le restau-bar du camping. On est allé manger, en sortant plusieurs fois voir si les conditions allaient se dégager, … mais rien ne s’éclaircissait. Finalement je suis montée sur des filets tendus dans la pièce. J’ai sauté de filets en filets, posés comme des toiles d’araignées. Pour tenter d’atteindre un mur sur lequel il me faudrait grimper pour voir le lever de soleil. Tout est devenu rose au moment ou j’atteignais le haut. //

           Il pleut de plus en plus. Tout est humide, surtout moi. Ca donne très envie d’aller bivouaquer ce soir, vraiment. Mon pantalon est encore à moitié couvert de micro-organismes pâteux séchés. J’entends ces saloperies de corbeaux-corneilles-merles-pigeons-moineaux patagons qui discutent dehors de leur nouvelle stratégie de vol de notre pain et trouage de tente. (Infernal.)

            [ELEND. Les Ténèbres du Dehors. ♪]


            13h58, on est dans le nouveau 4x4 ( !) Pas encore démarré, on croise les doigts … Ah si voilà ! Ça marche ! Hm. On a mangé sur une table humide du pain humide dans un abri humide. Mais il s’est arrêté de pleuvoir et les Cuernos apparaissent.

 

                On a pas mal erré. …essayé d’aller vers le lago Grey, mais il pleuvait, toujours, pas d’accalmie. … Les Cuernos se sont un peu dégagés, … puis sont de nouveau rentrés dans le pâté de soupe de brouillard à couper à la tronçonneuse. On ne pouvait rien faire. J’hésitais à monter à un mirador … ce qui n’aurait finalement servi à rien. Les autres n’étaient pas des plus motivés pour cette escapade humide. On s’est arrêté dans la forêt. Toute cette pluie ne me donnait pas envie de faire des photos… (plutôt d’aller faire pipi, avec les ruissellements continus partout).  J’ai découvert que la cendre mouillée était aussi pire  que les micro-organismes vaseux. Elle forme une croute glissante qui s’enfonce bizarrement.
                Nous nous sommes postés dans la voiture aux pieds de monticules à moitié brûlés, et l'on a attendu. En faisant n’importe quoi. Alexandre jouait à des jeux vidéos sur son i-phone, Xavier commentait, Manue faisait répéter les bruits produits pas Alexandre à un chat à la voix suraigüe qui était dons son i-phone aussi (très drôle) .. Mathieu s’énervait sur ce même chat, moi qui enregistrais au dictaphone, la pluie qui reprenait de plus belle à chaque fois qu’on ouvrait une porte.



                 On a fini par monter sur le monticule, revenir complètement trempés l’un après l’autre. … Le soir en apercevant une lueur, on a réussi (je ne sais comment) à se dire que ça allait être génial, que le soleil allait sortir, que tout deviendrait rouge, rose, avec des lenticulaires en formation qui apparaitraient au dessus des Cuernos enveloppés dans une écharpe de brouillard s’effilochant. Jackpot … ! … Et en fait, il ne s’est pas passé grand-chose. On a quand même réussi à se motiver pour monter sur la colline… Ce qui est déjà bien! L’ambiance du lieu était géniale. Les nuages très sombres, quelques trouées qui laissaient filtrer une lumière pâle jusqu’au lac … mais… il faut les mériter ces foutues images… parce qu’on en a ch** ! Un vent infernal nous apportait des gouttes par rafales, il fallait tenir le trépied, les filtres qui se couvraient de gouttes ; c’était vraiment dur ! 


             Xavier disait qu’il fallait qu’on se console en allant manger dans le ‘resto’ du camping, pour remercier encore le gars qui est toujours aussi sympa. On est allé manger dans le resto. C’était cher… enfin peut être 20€ par personne, mais bon…. ! J’ai demandé s’ils pouvaient me faire un plat végétarien, j’ai eu droit à une méga omelette aux légumes et aux pommes de terre… c’était très bon. Les autres ont pris un steak et du pollo … on s’est régalé, quand même, je trouve. Salade, dessert. .. On était tout trempés, humides, doudounes dans la salle. Mathieu toujours un peu malade, Xavier qui commence à avoir mal à la gorge. … 



                On est ensuite allé dormir. Et réfléchit à ce qu’on ferait demain, si on replierait le camp avant de partir, ou pas, … on a un nouveau problème avec la voiture : l’essence. On s’est arrêté à une station service indiquée sur la carte .. et qui en fait n’existe pas. Les carabineros ont bien rigolé quand on leur a dit qu’il devait y avoir une station service dans leur bureau. ( !) Les oiseaux-corbeaux de malheur sont autour de moi … et pourtant je suis dans les touffes. Incroyable.
                Bref, il nous reste la moitié d’un plein … donc pas énormément. … On a quand même décidé d’aller nous coucher, de nous lever à 6h30-45, pour décoller à 7h, aller à un lac qu’on avait repéré et où on voulait aller ce matin … mais de toute façon il pleuvait et on n’avait pas de voiture.

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