jeudi 5 juillet 2012

10 avril ? ...Difficile de retrouver les dates sans chercher dans les pages précédentes.

// On était tous autour d’un lac. Le laguna Amarga je pense. Et on essayait d’avoir un reflet. C’était magnifique, il y en avait un parfait. On venait de foncer pour essayer de trouver un endroit où il en aurait un, après avoir déduit qu’ici il n’y aurait rien. ... Finalement on s’est arrêté et un reflet parfait est apparu ...splendide. Sauf que c’était levé de soleil, mais le soleil, lui, il n’était pas là. Il faisait très froid. On est resté là un moment, avant de retourner dans une sorte d’hôtel en bois perdu dans la pampa et entouré de montagnes du style de celles de Piedra del Fraile. J’y avais une chambre avec les italiennes qui étaient au Condor de los Andes. Je suis rentrée chez moi, le chez moi était mon ancien chez moi, rue du Neufeld à Strasbourg, jusqu’à mes douze ans. L’appartement était tout en bois, dans un vieux bâtiment. J’avais une voisine du dessus très gentille, une vieille dame... mélange de ma voisine actuelle et de celle du bâtiment à côté de cet ancien appartement. Je suis montée et ... elle était morte. Sacré choc. Je l’aimais beaucoup.
Je suis restée un peu anéantie, à pleurer, dans mon lit... qui était mon lit actuel, mais en version superposé. Je suis restée un moment comme ça, me disant que je n’irai pas en cours le lendemain. ... finalement je me suis réveillée, il était 8 ou 9h. J’avais un examen de natation ; ça ne me plaisait pas du tout. Mon prof de sport était un mélange d’anciens profs de science de collège et de François. Il m’a tout de suite dit qu’on allait faire des exercices. J’ai du de suite le suivre en courant jusqu’à un bassin que je devais traverser en crawl, puis je devais plonger récupérer quelque chose, puis ... il y avait différentes épreuves. Toutes se déroulaient dans un lac bleu turquoise avec un ilot herbeux au milieu sur lequel il fallait chaque fois passer en courant pour aller à un autre endroit. Dans un de ces lieux on devait entrer dans une espèce de hublot ; prendre quelque chose qui s’assimilait à un sous marin dans lequel on avait la tête ; les pieds dépassaient, avec des palmes. C’était très profond, j’avais peur de me noyer là dedans. Il fallait fermer la chose, accrocher les parties arrière et avant. Deux personnes passaient en même temps que moi, elles n’ont pas hésité... moi j’ai pris plus de temps à oser me jeter à l’eau. Finalement ça me plaisait bien, on voyait les profondeurs, c’était beau. Une fois sortie de l’eau, je devais rejoindre les autres qui avaient déjà passé toutes les épreuves, que je devais passer aussi, fatalement. On me demandait pourquoi j’était arrivée en retard. La réponse m’attirait des sympathies.
Je suis retournée à l’hôtel avec les autres. L’hôtel était entouré d’une sombre forêt avec pleins de touffes. J’ai traversé seule une étendue d’herbe et suis arrivée à un énorme tronc d’arbre couché dans lequel le chemin passait. C’était un vieux tronc pourri. Les italiennes se sont étonnées que je sorte seule... je leur ai dit que je rejoignais des amis.
Alexandre était aussi entrain de traverser le passage. Je lui ai montré qu’il y avait deux chauves-souris suspendues... ça m’impressionnant assez, je n’avais jamais vu de chauves souris suspendues ainsi par les pieds, entrain de dormir. Un peu plus loin, il y en avait tout une grappe. Dans le vieux tronc de la végétation, ... les parois étaient nues mais des boules d’arbres sortaient d’anfractuosités, de la mousse se développait ... on a dit qu’on reviendrait.
Celui qui nous servait de guide devait nous conduire jusqu’à un glacier. Suite à l’escalade d’une colline de roches, on est arrivé au bord d’un bassin dans lequel j’avais nagé le matin.
Je suis retournée en courant à l’hôtel, j’ai pris mon matériel pour photographier les chauves souris. Avec Alex on est retourné voir.  Mais quelqu’un les avait effrayées, elles s’étaient toutes envolées sauf deux. Il m’a dit qu’il s’en foutait, il ne voulait pas prendre de photo, juste les regarder. Du coup j’ai abandonné aussi On voulait ressortir de ce tronc d’arbre, mais les entrées avaient été bouchées... un tuyau d’arrosage dépassait et ça commençait à se remplir d’eau. J’ai crié ‘Stop, stop, arrêtez !’ Et tout à coup j’ai vu Cyril (qui était en Patagonie avec nous l’an passé) au dessus du tronc, qui semblait étonné que ce ne soit pas encore l’heure, il voulait faire de la plongée dans le tronc : ‘ouais c’est génial j’peux voir des chauves souris, pleins de choses et plonger en même temps !’ . On est ressortit en grimpant sur un éboulis de pierres, de fougères et de bois pourris.
            De retour à l’auberge, je suis retournée dans ma chambre... on m’avait appelé par radio pour me dire en espagnol que quelqu’un avait retrouvé un trépied. Je pensais que c’était celui d’Alexandre, mais en fait c’était le montagne fait avec les trois bâtons. //

            Bientôt 8h, on se prépare pour un lever de soleil qui pourrait être incroyable. Je viens de tomber dans un buisson et d’ôter 25 épines de ma main droite. ... bref.
            29 épines. Et il y en a encore. Le ciel commence à s’éclairer par en dessous sur la droite du massif. C’est ... assez bien, pour l’instant. On espère que le soleil va sortir par-dessous, ce serait génial. ... Je vois la montagne ultime, la Aleta de Tiburon (aileron de requin) très loin à l’avant, perdue dans l’immensité des Tours, si petite. Elle ne ressort pas, forme parfaite coincée dans le cirque de roches.



            Allez allez allez ! La lumière sort partout, ..... encore un peu ! ... Les nuages sont roses un ciel noir, c’est ... dantesque ! Elle commence à illuminer les Torres .... ça peut devenir fouuuuuuu ......... allez on y croit. !


            18h. On est en panne. A côté d’une forêt brûlée. ... On s’était arrêtée là histoire de faire quelques photos, quelques plans au steadi pour Mathieu et Alexandre ... C’est une ambiance vraiment particulière, spéciale ; qui n’est pas sensée être là. C’est donc une exclusivité, en quelque sorte... l’idée me plaisait. ... Sauf que les garçons ont laissé le moteur tourner dons ... plus de batterie. On voulait repartir, avec Manue. Xavier hésitait, ... finalement, on est obligé d’attendre là.             Cette journée était pas mal. La voiture est une bonne option quand on a peu de temps. Elle permet d’aller à des endroits où on ne pourrait s’arrêter avec le bus ou repartir. Après le lever de soleil le plus ultime de voyage, on a pu (au bout d’un moment...) partir à la découverte du parc. On a foncé vers le laguna Amarga. En passant, on a aperçu le laguna larga, magnifique. Je me suis énervée parce que je n’avais pas de polarisant ... Xavier a proposé de me prêter celui de son 300mm... un peu épais mais beaucoup mieux que rien ! J’ai couru le chercher jusqu’à la voiture (belle montée) ... pour ne rien trouver. Je suis redescendue, ai appelé Xav, suis retournée à la voiture, n’ai à nouveau rien trouvé, suis redescendue, ai couru jusqu’à Manue dissimulée un peu plus loin, qui avait en fait le 300 et le filtre. OUF. Pleins de petites bêtes nageaient dans le lac, ça grouillait. Le ciel était ténébreux, la vue sur les Cuernos inhabituelle. ... et les pierres se disloquaient étrangement.  Le reflet est devenu parfait, plus un souffle de vent. Très sombre. Les collines avaient les mêmes teintes que les cailloux au bord du lac, tout était assorti.


 Lac qui (soi dit en passant) grouillait d'une faune rarement aussi dense. Les points noirs qui pullulent ne sont pour une fois pas des taches sur mon objectif ou mon capteur...


 On a repris la voiture pour se rendre à Amarga, .. ; c’est devenu plus abstrait. Le lac était toujours aussi génial, quelques guanacos trainaient... on s’est approché. Un car de touriste était posé là mais il a vite redémarré. Au bord du lac, les pierres ressemblaient beaucoup à celles rencontrées au lac précédant mais ... en formation. C'est-à-dire qu’ils étaient encore mous, granuleux. Je me suis approchée du bord, c’tait vraiment vaseux, spongieux. Les différents types de roches alternaient : pavés, sels, sable, pierres poreuses, vase brunâtre, cailloux ‘en formation’, sorte d’ardoise qui casse trop facilement. ... Je me suis dit que, comme les sables mouvants, cet assemblage mou devait mieux tenir lorsqu’on courrait dessus. ... J’ai eu le temps de faire deux pas, et je me suis retrouvée enlisée jusqu’au dessus des chevilles, ventousée là dedans. Coincée là, impossible de sortir. J’ai essayé de me tenir à mon trépied (qui s’est enfoncé de 30cm).. ; je me suis retrouvée enfoncée jusqu’aux genoux, j’ai pataugé un moment,  en essayant de ne pas trop bouger et de m’aplatir par terre pour pouvoir sortir les jambes. J’ai réussi hein mais ... je m’approcherai moins, maintenant. Manue aussi s’est retrouvée scotchée au fin fond des terres spongieuses... c’était très drôle, elle était obligée de marcher un peu comme un canard pour se sortir de ces endroits. J’ai trouvé ça très drôle aussi au début quand je me suis enlisée. ... un peu moins quand j’ai commncé à croire que j’allais descendre de plus en plus bas ( !). Les pierres ‘en formation’ sont des espèces de galettes poreuses, dont la ressemblance avec des crêpes est indubitable, dans une matière qui s’assimile à de l’argile mou. On peut attraper ces choses, qui de dessus ressemblent à des pavés, ... vraiment mous.









On a mangé avant de quitter ce lieu. Alexandre semble légèrement plus inspiré qu’avant (ce qui serait une bonne chose ...). La destination suivante : cascada Torres .. et peut être Laguna Azul. 



On s’est fait arrêté par un gars qui nous disait qu’on était à Amarga (alors qu’on n’y était pas). Sur la route, on a atterri dans un troupeau de guanacos qui a un temps soit peu bouleversé nos plans : c’était l’occasion ou jamais de ‘faire du guanaco’. On s’est tous extirpés du 4x4 et on a fait des photos de guanaco ... ça n’a pas très bien marché, mais ... on a essayé ! Moi au 85, Manue qui avait le 300 s’en est peu être mieux sortie. Ces animaux faisaient des bruits vraiment étranges, entre le grincement de porte, le bêlement de mouton et l’alarme de voiture (je n’aurai jamais cru). Ils avaient parfois peur de nous, s’enfuyaient en manquant de se télescoper, faisaient demi-tour à la dernière seconde pour me foncer dedans sans me voir et stopper net à 50cm. Sacrées bestioles ! Alexandre s’est tapi dans la brousse, on aurait vraiment dit un lion en pull noir, qui rampait par terre dans les hautes herbes... haha... à la recherche de sa proie qu’il attaquait à grand coup de rafales de ... photos. Ont les a effrayées les pauvres ... enfin en fait, ils s’effrayaient tout seuls. On ne bougeait presque pas, et tout à coup ils se mettaient à courir dans tous les sens, ensemble ou par groupe, ... n’importe quoi ( !). 






 On a fini par reprendre la route du laguna Azul... mais on n’est pas allé loin, le chemin nous a semblé trop long. Xavier a retrouvé sa pochette de filtre dans la pampa broussailleuse, qu’il a failli oublier là. Je me suis dit qu’en restant à proximité des guanacos, on avait vraiment pas mal de chance d’observer des pumas ... mais bon, on n’est pas resté jusqu’à la nuit de toute façon. Demi-tour, croisement de moutons tout ronds très touffus. Alexandre prenait des rafales de photos au 85 digne de je ne sais que tireur connu.



 
    Je vais peut être aider Manue à tenter d’intercepter les voitures... ah génial, quelqu’un va nous dépanner. Il branche les câbles. Fantastique ça a l’air de démarrer.

                 Je disais donc. On s’est arrêté une fois encore prendre des photos de quelques arbres brûlés autour d’un marécage. Les arbres sont vraiment torturés ici, une fois brûlés, les formes sont particulièrement spéciales, on dirait des squelettes d’êtres vivants, parfois torsadés, courbés. Je pense souvent à toute la force qu’ils ont du déployer pour pousser, grandir, dans ces lieux si hostiles. Pour façonner leurs squelettes titanesques... et que toute cette énergie dépensée a été réduite à néant en quelques minutes, voire instants. ...
            On est repartis dans l’autre sens, en quêtant les cadavres de guanacos le long de la route pour tenter de trouver les endroits ou se poster pour apercevoir les pumas.
            La forêt était pétrifiée, noire, et entourait un étang où la nature avait déjà repris ses droits ... il était vert presque fluo. Au milieu de collines brunes et dévastées. Certains végétaux brûlés avaient perdus leur écorce, et devenaient quasiment blanc dans ce monde ténébreux.




    On a ensuite ‘foncé’ vers le camping pour tenter de contourner le lac et d’aller plus vers ... ce qui s’apparente à l’ouest (il me semble). Sauf qu’après l’arrêt dans la forêt noire on n’a plus redémarré. On a croisé une personne de la BBC qui s’est arrêtée au même endroit que nous, a sorti un trépied de vidéo énorme (dont j’avais regardé le prix ... ), et une caméra tout aussi énorme, a filmé, est remonté en trombe ou presque dans son véhicule. Nous ne savions pas encore que la voiture ne redémarrerait pas, et donc laissé partir.
            Manue et moi avons décidé d’aller un peu plus loin (on est un peu coincé dans cette forêt, pour la lumière du soir). ... Et voilà. On a encore intercepté quelqu’un de la BBC, mais elle n’avait pas de câbles et nous a précisé qu’une équipe devrait passer vers 20h-20h15, et qu’elle allait essayer de nous envoyer quelqu’un. Ils vont finir par nous connaitre ... on va faire une liste de ce qu’on veut leur demander ; des câbles, un trépied, un polarisant diamètre 77, ... et si jamais ils ont d’autres choses ... il pourrait aussi nous amener voir les pumas, par exemple ! Le minibus suivant a pu nous dépanner. Du coup, pendant que je parlais Manue et Xavier sont partis un peu plus loin. Je ne sais pas trop quand ils vont revenir... Xavier peut rester un moment à se nourrir d’images. Moi en ce moment j’ai un peu plus de mal, je ne sais pas trop ce qu’il se passe.



   Autour de moi ... Je suis assise devant un arbre dont les bras tentaculaires se déploient autour de moi. Ils sont noirs ... sauf les parties où l’écorce manque, ocres, dégradées jusqu’au blanc. Les branches ont vraiment des formes bizarres, ... comme des escaliers en colimaçon, toutes enroulées les unes autour des autres. Torturées, lisses ou boursouflé selon l’arbre. Comme si c’était un tissage assemblé de plusieurs brins, tressés. Des branches touches terre à certains endroits avant de remonter en créant des boucles d’épaisseurs diverses. Des doigts en sortent, os pointés vers le ciel. Toutes dans les mêmes directions : l’horizon ou le ciel. Des petites touffes vertes poussent dans le squelette de l’arbre. Tout autour, des racines brulées, monstres émergeants des entrailles terrestres, dans le même registre de teintes que les arbres. Quelques herbes desséchées et touffes piquantes recommencent à pousser. Elles sont sous forme de minuscules plantes vertes qui donnent presque envie de les caresser ... sauf qu’il me reste 6 échardes que je n’arrive pas à sortir de ma main. En contrebas, la forêt s’étend sur plusieurs centaines de mètres. La colline ou je suis est déserte. En face, d’autres monticules presque chauves. Plus loin, le lac turquoise. La route (avec Xavier et Manue qui reviennent). Les montagnes fument, horde de volcans ... la forêt lointaine est dégradée du vert au rouge, puis la neige, jusqu’à ce que tout soit blanc... blanc surmonté de falaises. Ces monts ressemblent à des dents, forteresse sans tourelles, remparts. ... Devant, les Cuernos se dressent, La aleta de tiburon émerge au loin. Devant, le ciel est nuageux, jaune ocre jusqu’au bleu sombre. La montagne au visage... des séracs énormes, des cascades glacées... dont une qui a la forme d’un diablotin ou d’un scorpion. Des lenticulaires apparaissent entre différentes strates de nuages défilant à toute vitesse. Des teintes rosées apparaissent.



19h14. Manue et Xavier sont revenus. ... Enfin en fait, ils sont à nouveau tombés en panne. On ne redémarrera pas. Je ne sais pas trop ce qu’on va faire mais apparemment le destin a décidé qu’on resterait un peu  dans cet endroit.             Je suis descendue dans la forêt brûlée plus profonde ... plus étendue. C’est vraiment terrible, oppressant ... effrayant. Ca me fait assez peur ... penser à l’anéantissement de toute la vie présente ici. Tout ce qui a brûlé ... si peu de temps. En plus on est tous en noir, rien ne vient ne vient perturber cette impression ... on dirait que les Cuernos sont aussi un démon. Qu’ils ont craché sur tout ça leur haleine destructrice. .. Même la silhouette de Xavier sur la crête parait fantomatique, effrayante. Elle se découpe sur la crête auprès des cadavres d’arbre ... j’ai rarement ressenti ça. Désolation folle.             En parallèle, ça me fait plaisir qu’Alexandre semble avoir retrouvé un peu d’inspiration dans cet endroit obscur ... ça fait un moment qu’il traine là et essaye des choses. C’est ... rassurant, en quelque sorte. J’ai gratté par terre au pied d’immenses troncs décharnés. Dans des positions ... comme s’ils avaient été torturés jusqu’à la mort. Des membres coupés, noirs, des parties totalement rongées par les flammes, alors que d’autres, plus solides peut être, restent debout. J’ai gratté le sol, pensant que ce serait de la cendre... mais ça ne sent pas la cendre, ... plutôt la terre, l’humus. La forêt. J’aime bien cette odeur. Alors que ce devrait sentir le brûlé ... mais c’est bien... bon signe sans doutes. Tout n’est pas fini. Ca va reprendre vie, dans un futur (lointain).             Il y a quelques minutes, je trouvais que le bois ressemblait étrangement à des squelettes. .. Et bien .... ça ne m’aide pas à me sentir mieux, je viens de trouver d’énormes squelettes de bovidé. Je suis tombée sur une hanche, d’abord... après j’ai vu le crâne, énorme. Avec les cornes ... on dirait du bois... un peu craquant, qui s’effiloche ... De l’écorce qui s’arrache. Brûlé. Les cornes ont vraiment pris la consistance du bois. ...Plus d’odeur. Rien ne laisse présager qu’il y a eu de la vie autour de ces os.  La tête est énorme. ... elle fait la taille de mes bras, en longueur. ... Vu la position, il a du mourir dans des souffrances ....... et .. il y en a plusieurs. Je crois en voir un autre à côté. Oui. Tête vers le sol. Comme s’i avait voulu faire l’autruche. Cornes plantées dans la terre, le cou dans une courbure torturée. .. Autant les guanacos tués par les pumas, ça ne me dérange pas vraiment, autant ça ... J’essaye de sortir... cette tête de là. Une corne a cassé. ... mmh .. des vertèbres trainent autour .. Une corne fait à peu près les deux tiers de mon bras. Des morceaux d’ossements sont disséminés. .. certains blancs, d’autres, noirs, toment en miettes ... Bon. Je n’aurai pas aimé être là au moment de la tragédie... Ca me donne des sensations que j’aime pas tellement ... Une sorte de pitié compassion ... je m’assimile toujours à l’être qui a souffert... et là dans cet endroit c’est vraiment ... spécial. Vraiment Je vais aider Manue à arrêter les voiture... ce sera mieux.



 
20h33 ... ça y est on va enfin essayer de partir d’ici. On a attendu dans cet endroit sombre un long moment... ou du moins il m’a semblé. ... Assez complexe. Quand les autres sont arrivés, c’était un peu mieux.

            Bref. On a attendu là, ouvert un paquet de micro-donuts, un d’amandes et un paquet de cacahuètes, et on a partagé. Une voiture a fini par passer. ... On a fait des signes abstraits avec les trois frontales qu’on avait apportées (par miracle) ... dont la mienne qui n’éclaire pas trop mal. Le couple qui a stoppé venait du nord de l’argentine. Ils parlaient anglais, .. ; et même français en fait. On l’a su après, en montant dans la voiture ... n’ayant pas de câbles, ils ont proposé de nous emmener au camping. Alexandre et moi avons donc été déposés au point de départ. Vraiment super sympa, ils proposaient de retourner chercher les autres et d’attendre avec nous.

            C’est super compliqué parce que je suis la seule à parler un peu espagnol, du coup je dois revenir tout le temps à la voiture. Le couple nous a aidé à expliquer au gars du camping ce qu’il se passait... du coup il leur a dit qu’ils pouvaient y aller, il prenait le relais pour l’assistance aux personnes échouées en terres brûlées. ...Ils sont venus à deux, et nous ont ramené à la voiture en nous disant qu’on pourrait appeler l’agence de location après. ... Sauf que la voiture ne démarre toujours pas avec les câbles. La batterie est vraiment vide... ça semblait aller, mais dès qu’on débranche, tout s’éteint.
            La mémé... elle dort. Elle est plongée dans un profond coma. Elle ronronne pas. On cherche une solution.
            A voiture a redémarré mais elle a l’air de bientôt vouloir se ... se rendormir. Le gars du camping accélère a fond .... il faut qu’on rejoigne l’agence ... Xavier se propose de descendre à Puerto Natales si une voiture est mise à disposition. On cumule quelques ... pépins. Même beaucoup. Voilà, ça s’est rééteint. Comme dit Mathieu, tant qu’ils y croient, on attend. On commence à essayer d’imaginer d’autres solutions ...échanger les batteries des deux bagnoles ne servirait peut être à rien, si c’est bien notre batterie qui est morte. Ce serait leur voiture qui serait en panne. On cherche. Ce serait bien de trouver une solution.


Nous voilà revenus au camping, on a appelé l’agence... Finalement l’échange de batteries a fonctionné. Le gars du camping est incroyablement sympa. C’est vraiment bien qu’il y ait des gens comme ça qui existent ... On ne sait pas trop comment le remercier. Il a appelé l’agence, en fait... je lui ai demandé si c’était possible qu’il parle lui si l’interlocuteur ne parlait pas anglais... ça ne lui posait aucun problème, il a même proposé. Il s’est expliqué un peu avec l’autre hurluberlu de l’agence. ... Je ne sais pas comment le dire, mais on pense que c’est l’alternateur. Il faudrait lui faire un dessin mais ... je me demande si ça se dessine. En tout cas on lui a montré le voyant qui clignotait dans la voiture ... il a compris que ce n’était pas la batterie le problème mais ...c’est compliqué, je suis encore la seule qui parle espagnol, c’est le bordel. ... mais .. enfin... peut être que . ; heureusement que je suis là parce que si les autres avaient été seuls, ça aurait pu être drôle. Enfin ils se seraient bien débrouillés. C’est fatiguant. J’écoutais tout à l’heure la discussion en français de l’équipe en même temps que la discussion en espagnol de l’autre ... en même temps que les notes de la musique ‘Sound of silence’ qui passait en boucle. C’est vraiment tout mélangé ... j’ai super chaud, l’adrénaline, tout ça ... Là on va aller boire un coup dans l’espèce de bar du camping pour remercier. 

            La liste des emmerdes... :
-s’organiser
-les courses
-les sacs trop lourds
-les épaules et les boutons
-emmerde contournée : le péage au Piedra del Fraile
-la vache dépecée qui pendait
-le crampon brisé (top 3)
-le chemin trop raide
-la pluie pendant 24h (habituel)
-la maladie d’Alexandre
-l’effet parachute des pulkas
-les raquettes et matériel à porter pour rien
-l’échec du tour
-le vent (normal)
-le taxi à appeler pour revenir à Chalten (ç’aurait pu être pire)
-ne pas pouvoir payer par carte au resto
-les gens qui chantaient à la pizzéria
-les mulots qui ont mangé la tente de Xav., les chaussures (Xavier et moi) le steadi de Mathieu, ...
-les oiseaux qui mangent n’importe quoi
-trop de monde à Poincenot
-la grève de la faim d’Alex. face aux lyophilisés
-les retraits d’argent (comprendre, réessayer, reréessayer, changer de machine, ... et le faire trop de fois)
-les mouches qui sont entrain de plonger dans nos assiettes
-la nourriture (mmh)
-payer le guide pour rien
-les cailloux sur les doigts
-la descente du lago de los tres
-mon pola
-les capes de pluie (apparence et étanchéité)
-le trépied
-le manque de lumière dans la douche à El calafate... et la blatte qui va avec
-la porte qui ne ferme pas dans la douce à côté
-la clé de la chambre qu’on est obligés de partager
-le chauffeur du bus de Puerto
-le sac de Mathieu apporté en trop à cause du chauffeur chilien
-être coincés dans le bus quand les lumières sont le plus belles
-la voiture et sa batterie ou son alternateur foireux
-toujours les moucherons dans l’assiette
-les moucherons dans la soupe
-les trous dans ma tente ... la réparation de fortune avec la pochette de filtre collée en dessous vu que le produit n’a pas eu le temps de sécher
-l’impossibilité de retourner chercher des pumas
-mais pourquoi ces mouches se précipitent tous ?!
-les choses à porter : ordinateur, gorilla qui marche moins bien que prévu, ordinateur
-mon assiette qui a disparu
-les oiseux qui volent les sardines ( !)
-la tasse trop chaude
-le genou de Mathieu
-la compagnie aérienne des autres

Le top 3 :
-la pente, crampons
-la voiture
-le trépied

Des choses positives ... : les annule-emmerdes
-le gars du camping
-la météo pas trop catastrophique
-la pizza roquefort à El Chalten
-l’arrivée à la Playita en avance le premier jour

            Il faut retourner voir, on va rappeler le gars de la compagnie qui a du finir de manger ... on mangera nos pâtes sauce moucherons ensuite.

            Il est surement près de 22h, je n’ai toujours pas trouvé mon bol ... j’erre dans le camping à sa recherche... c’est fou. J’ai bu deux soupes dans la casserole de Manue et Xavier... nous sommes complètement KO. Je pourrais aller dormir MAIS... le gars génial a compris que c’était l’alternateur quand il a débranché la batterie après avoir démarré la voiture ... qui s’est éteint immédiatement. Alternador. Nous en sommes là. On a rappelé la compagnie. Quelqu’un va venir demain à 8h30 changer le véhicule ... c’est con parce que c’est exactement l’heure du lever de soleil. ... Tant pis. C’est mieux que d’être bloqués là jusqu’à la fin de temps.


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