vendredi 13 juillet 2012

18 avril.

            5h43... dans l’avion. Des passagers aux milles visages et aux milles expressions défilent devant mon siège (4C, côté couloir). A la fenêtre, un gros monsieur lit un livre en soulignant des phrases. Les ceintures cliquettent.
            J’ai entendu le réveil de 3h20, ai failli bondir du lit ; puis 3h39 (que j’avais pas mis) et 3h45. Un peu plus dur. J’ai trainé mon sac de 19,6kg en bas, ai pris un café à la lueur de ma frontale en en profitant pour réveiller le caniche de garde qui a gémit un peu avant de re-sombrer. A 4h23, le ‘’transfert’’ est arrivé. Minibus de neuf places. Cinq personnes dedans. On a serpenté dans un dédale de rues inconnues pendant une vingtaine de minutes à la recherche de numéros de rues à quatre chiffres jusqu’à être au complet. Les deux hommes autour de moi penchaient de plus en plus vers le milieu. Mmh. On est arrivé à 5h à l’aéroport après avoir dépassé les arbres/ champignons géants ; les feux rouges clignotants ; panneau attention chasse-neige ( ?) (plutôt pelleteuse je pense) ; ‘excavation profonde’. ...

            J’ai oublié de payer. Bon on ne m’a rien demandé. Mais bon. Hem. Je m’en suis rendue compte quand j’étais dans la file d’embarquement. J’ai chaud et soif. Ca va assez bien ensemble. L’avion va décoller. Les lumières s’éteignent. Je ne peux pas m’empêcher d’imaginer le pire ; l’anéantissement des dizaines de sourires que j’ai vu entrer.
            C’est parti ! Je suis tendue. Mais j’aime assez la sensation de décollage. Un peu moins l’apesanteur qui suit. A gauche, le gros monsieur a fermé le volet et s’est endormi. A droite, un homme grisonnant à la figure fripée et aux mains lisses lit un journal en français. L’épidémie de sommeil semble se répandre de façon exponentielle. Stupéfiant.
            ♫♪♫ Kyo. Ses chansons éveillent toujours en moi des souvenirs et émotions assez intenses. ‘Heureux soient les fêlés car ils laissent passer la lumière.’

            ♪ ♫ Finntroll. (Hm.) Dehors, la planète semble noire. Pure. Mate. Aucun reflet ne vient troubler cette obscurité. Le ciel s’y oppose. Il se colore. Douceur dégradée du bleu au gris pâle...
            Les nuages commencent à saigner (ténèbres du dehors). Le soleil essaye de les déchirer de ses rayons perçants.
            Victoire du feu. Il laisse une plaie sanglante dans la mer sombre et mouvante.
            La blessure tente de cicatriser. Mais mal. On voit le sang flamboyant qui filtre entre les lèvres de la balafre. Un peu en transparence à travers l’épiderme de nuages obscurs reformé. C’est vraiment beau. Dommage que le gros monsieur dorme toujours.


            Je suis à moitié écroulée de rire devant les vidéos gag chiliennes (alors que j’écoute de la musique en même temps) ! Elles sont mieux que les françaises ! Beaucoup moins de sentiment de culpabilité vis-à-vis des gens qui se font ‘avoir’. En particulier un ascenseur à remonter le temps. Hahaha. Et un enfant qui se cache dans un costume de pingouin. Et une barre vissée qui change d’orientation. Et un faux travailleur avec la tête dans des égouts inexistants qui disparait quand la (fausse) police arrive. Et le dernier là, le même faux policier qui fait souffler dans un éthylomètre et fait semblant de s’étouffer avec une partie de l’appareil propulsée lors du test. Hahahaaa. Hum. Aha tout de même ! Ah, on approche de Santiago. Dehors, ciel pastel à gauche, nuances bleues-mauves ; à droite soleil roux. Éclat assez violent. Les volets sont maintenant fermés des deux côtés. (Pff.)

            On a l’air d’avoir attéri. Environ... Je crois qu’il est 9h. Il semble faire beau. Nuage-pollution brumeuse de beau temps. Je fais des progrès en matière de peur immaitrisable en avion. La musique (même violente) aide, j’ai l’impression. Reste les sensations et les bruits louches qui s’infiltrent au-delà des barrières musicale et de concentration.

            Il est 10h23. Je n’ai pas du récupéré mon sac. Dans 2h42, il sera 18h05. Logique.

13h13. Avion suivant. On devrait avoir décollé depuis 8, 13 ou 68 minutes selon les différentes feuilles en ma possession et écrans que j’ai aperçus. Les 4h (du coup) d’attente sont passées assez vite, errances et visites de boutiques souvenirs emplies de pingouins (j’aurai bien aimé en apercevoir, tiens), dégustation d’un smoothie abstrait à la mangue (glacé ?!), préparation du programme d’un stage encore plus abstrait. Comme si j’allais le concrétiser en le mettant sur papier... Mais j’aime beaucoup faire ça. Ca donne de la ... consistance, aux choses. Et préparer des voyages me réjoui également. Ah ça y est, on roule ! Celui qui était à ma droite dans le transfert de ce matin (je suis quasiment sure) est à quatre places de moi, au bout de la rangée. Il a la chance d’avoir un hublot. J’aurai bien aimé qu’il soit à côté, il a l’air d’un grimpeur un peu perdu, avec des chaussures Salewa et un pantalon boueux, une crème solaire qui dépasse de son sac et une barbe de 10-15 jours. Je me fais peut être des idées, mais bon. C’aurait pu donner des discussions intéressantes. Ce qui est bien, par contre, enfin du coup ;  c’est qu’il n’y a personne à côté de moi. Couloir à gauche, place vide à droite. C’est pas mal non plus. A ma gauche un peu derrière, une fille qui a l’air terrorisée, et son copain qui la rassure. Je me dis qu’elle a de la chance.
La sol fa mi ré la ... // la si la sol# mi fa sol la sol / la musique calme pour rassurer tout le monde ...  Do la si sol# la ....

Ah ! GO ! Tension qui griiiimpe (avion aussi). A côté, les amoureux s’embrassent (vraiment de la chance). Bon sang d’impression de chute libre. Le bruit des moteurs a couvert la musique. Plus que quelques notes aigues émergent du tumulte. Les trilles solitaires, extraites, ne sont pas si apaisantes. ... Enfin bref, nous sommes désormais en l’air, considérons donc qu’il doit être environ 18h30. C’est étrange.

 

C’est drôle, j’ai l’impression qu’on est dans un nuage. Ca fait un moment que l’avion bouge un peu, tremble… il y a un truc assez sombre sur le côté. Je ne pensais pas que les nuages pourraient nous suivre aussi haut en cette saison… mais en fait c’est vrai qu’ici, c’est seulement l’automne. Le serveur a été assez surpris de me voir prendre du vin et du café… le café j’ai été surprise aussi, je pensais qu’il proposait du thé ou du café… mais finalement il n’y avait que le café… J’espère que le gobelet ne va pas se renverser d’ailleurs. 
Je suis bien enrhubée … j’ai senti le regard de la femme à côté de moi me transpercer pendant un certain temps alors que je ne la regardais même pas… je ne sais pas si elle voulait dire quelque chose ou quoi. Heureusement ça s’est calmé.  Derrière, les amoureux se sont endormis tendrement. On traverse une sorte de gros nuage… le voyant des ceintures vient de s’allumer. Dommage il n’y a pas d’écran comme à l’aller … voir un film en même temps m’aurait plu. A retenir aussi, la nourriture végétalienne en avion ce n’est … pas génial. Moi qui n’aime pas tellement les tomates, j’ai eu droit à une salade aux tomates, un gratin (sans gratin… empilement de tranches disons) de courgettes et tomates… J’ai connu meilleur. J’ai tout mangé quand même mais bon … voilà.

            J’ai épuisé la batterie de l’ordinateur. C’est un progrès incontestable, en temps normal j’aurai eu peur que l’avion ne s’écrase à cause de moi et mes interférences. Je crois qu’on rattrape le milieu de la nuit. Le voyant d’attache des ceintures de sécurité vient de s’allumer. La plupart des volets est fermée. L’homme derrière moi essaye probablement de transpercer mon siège à coup de genoux. J’ai regardé un bout de film en anglais, après avoir louché sur l’écran un moment. Il m’a beaucoup plu esthétiquement... je pense qu’il faudrait que je le revois pour tout comprendre. Début XX°, un enfant cheveux noirs yeux bleus habite dans une gare. Il a chez lui un robot qui ne bouge pas. Une fille aux cheveux mi-longs blonds est avec lui, souvent. Paris. George Melios. Je vais peut être retrouver avec ça. Il me reste 10 épines de touffe dans la main droite (gné). Trois dans la main gauche. Souvenirs ! Je vais essayer de dormir. Il est peut être minuit en France, ou plus, ou 20h au Chili, j’en sais rien. Ah, on est arrivé dans une ‘zone de turbulences’. Opeth. Vol. 23.

            // L’avion est à 1530m seulement, au dessus de la forêt tropicale. //   // Je suis avec Alexandre et Mathieu dans un océan de buissons verts minuscules. Le sol est couvert d’une matière visqueuse indéfinie. //  Foutu café. Et rêves délirants avortés. Je me suis assoupie dans un dangereux équilibre d’écart d’orientation de sièges. Equilibre brisé au bout de quelques minutes. Mon voisin de derrière doit s’entrainer pour un nouveau sport olympique. Le féchettorteils. Ah, ça n’existe pas ? Mais si, cette discipline qui consiste en le fait de tracer une cible sur l’arrière du siège adjacent, et d’en toucher le centre le plus rapidement possible avec le plus d’orteils différents. La force de propulsion du pied entre aussi en compte dans la notation finale. Apparemment, cette activité est en plein essor.
            J’ai essayé le roulage en boule, les pieds sur la sacoche photo, les pieds dans la sacoche photo, l’empilement instable de trucs susceptibles de servir d’oreiller (polaire, sac de couchage, etc.) sur l’accoudoir ; ... je me suis même résolue à ôter cette barrière symbolique pour me plier en quarante-douze en posant la tête sur le siège vide d’à côté. Rien n’y fait. Il est 3h en France. 22h, c’est peu. Mais tout de même. J’ai loupé le passage de sandwichs parce que l’hôtesse a cru que je dormais (d’un côté, avec le foulard sur la tête...bon...).

            Dans le miroir des sanitaires, j’ai eu l’impression de voir Caliméro. Avec un amoncellement de cheveux à la place de la coquille, sur la tête.
            Dans le cas présent d’absence de support annexe, je crois que ça m’aiderait assez de savoir dormir sur le dos.
            (Aimer, c’est plus dire ‘’je te suivrais au bout du Monde’’ que ‘’c’est trop loin, trop dangereux, n’y va pas’’. Ce n’est pas un rêve, juste une pensée flottante ; une réalité.)
           
‘’I’m unavailable. Because I have to make a snowman !’’ (grand sourire) Je branche les écouteurs sur l’accoudoir (...) et j’entends ça, ça fait plaisir. (film ''I don’t know how she does it'')

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