jeudi 12 juillet 2012

17 avril. ....

            // On allait avoir une belle vue depuis la colline suivante. Non l’autre. Il faut descendre entre  les deux collines. Ou aller sur la suivante. L’autre. Dans la vallée là-bas. Peut être sur la suivante. Tout est bleu. Et mouvant. Une forêt sombre sur une colline bleue aussi. Il fait chaud. Il faut aller sur la colline. Celle d’après. Non vous ne voulez pas ? On va faire deux groupes. Je vais aller sur la colline. Là bas. La vue sera belle. Je vais descendre par la forêt. Les collines bleues flottent. Vous allez par là ? On se retrouve après. J’ai chaud. Tellement chaud. Si je me retourne, il fera peut être plus frais. Sur l’autre colline bleue. Là bas. La forêt. J’ai froid. Il fera plus chaud si je me retourne. Je peux prendre une grande feuille de palétuvier bleu. On se retrouvera dans la vallée après. C’est loin. Il fait froid. Je vais me retourner, le vent sera plus chaud. Ah ça ne servait à rien de monter ? La vue était aussi belle en bas ? Je retiens. Dommage. Mais j’aimerai bien monter sur l’autre colline. //

            J’ai du me retourner au moins cinquante fois. Alex semble dormir. Impressionnant. J’ai l’impression de faire un bruit énorme de froissements de draps divers.

            // La forêt. Il y a un sol ocre. Des énormes troncs. Feuilles bleu-vert. Il y a des trous obscurs dans les troncs. Je suis attachée sur le sol de terre dure. Il fait chaud. C’est une forêt tropicale. Il y a un woodpecker. Il veut me manger. Je fonce dans le tronc. Je suis une fourmi noire. Je ne peux pas bouger. La chaine qui me retient est juste assez longue pour que je puisse me terrer dans l’écorce. Il y a une fenêtre. Il fait froid. Si je ne tiens pas le coup, il va me manger. Il faut que j’appelle. //

           
Ca ne me réussi pas d’être malade ! Hm. Je me suis encore tournée x fois. Mal partout un peu. Chaud / Froid. 

            Il est 8h30. Debout. Arg.

            Douche, petit déjeuner, café, chocolat lyophilisé, rangement rapide. Course jusqu’à l’agence de bus Pacheco. Alexandre et Mathieu ont leur bus à 11h. Trajet vraiment dur, j’ai chaud ; sac trop lourd ; mal à l’épaule. On est en avance. Enfin le bus est en retard. On joue avec un chien lunatique qui nous pose un caillou tout baveux à nos pieds. Au revoir ... à bientôt ....... Je ne réalise pas grand-chose. Salut aux deux visages familiers qui me font signe à travers la vitre. ... Billet pour Punta 14h. Perfecto.  Je laisse mon gros tas jaune à l’agence. Le chien nounours taciturne m’accompagne au café internet avec un plus petit caillou (modèle de voyage). 

            Courses pour ce soir (et midi). Le vent est froid. Je retourne au café ‘net. Agence de bus. Bus.


            14h, on est installé, une dame à gauche a mis de la musique sur son téléphone et chante à fond en gesticulant. Ca va vite m’énerver. Ah, elle sort. ‘’Good trip, don’t forget you’re bells, you payed so much.’’ Euh ... il y a un truc que je n’ai pas du comprendre.
            Le lac est bleu turquoise au bout de la rue. Le ponton. Des vagues. Une dame qui promène un chien en manteau moumoute rose (oui, le chien). 

            Laguna esconida. 14h33. La forêt de buissons multicolore est partout. 

            14h43. La forêt de fous ....


            La pauvre dame à côté de moi, elle a le nez dans sa veste, elle a peur d’être contaminationnée. Haha. D’ailleurs elle hésite même à répondre au téléphone. Heureusement qu’elle n’était pas en rando avec nous. Je m’imagine bien lui proposer de boire à ma gourde.

            15h02 : moutons, maison, arbres aux couleurs incroyables.

            15h17 : champs de lamas chevelus sphériques.
 

            15h30, Punta Arenas 109km. Le soleil tape à ma vitre, il fait chaud. 

            Retour d’un bout de forêt géniale après un grand vide. ... un tapir vient de traverser la route ?! Euh non. Le mot mince. Tamari, tapis, tarabiscoté, Tata, taaaaaa... tou ! TATOU Voilà. Cette espèce étrange vient de traverser devant le bus ?!!!?! (15h52). 

            16h25 ... Punta Arenas 22. Encore la forêt. 

 (...)


            Le bus s’est arrêté devant l’agence à 17h. Ca faisait un moment qu’il posait des gens de ci de là. J’ai repéré une auberge (hostal) ‘’Art Nouveau’’ juste à côté du terminal. Mais 22 000$ et quelques... Euh ... Je suis sortie assez vite. J’ai arrangé un peu mon sac de façon à ce que les deux bretelles sortent de la housse fluo (et que mon épaule ne se démantibule pas) et j’ai commencé à m’éloigner de l rue principale pour trouver moins cher. 17 000$. Non pas encore.
            Presque 1h d’errance, une autre auberge à 20 000 la chambre de deux, mais comme je serais dans une chambre de deux, c’est 20 000 aussi ; une fermée (enfin je n’ai pas trouvé l’entrée). Et enfin celle où je suis installée. Hostal TORRES DEL PAINE. 12 000, en fait 10 000, avec petit déj. Une autre Carmen sympa (juste un peu expansive). Une chambre de douze pour moi toute seule. (Perfect.) Transfer réservé pour demain 4h. (Après une incompréhension notable sur les manana por la manana, a las quatro de la manana, ...) La différence entre transfert et taxi est subtile, aussi. Ca me dépasse un peu. Tout ce qui est évident, c’est que taxi  = 7 000$ et transfert = 3 000$. L’effet et la finalité devraient rester similaires.


            Ma fenêtre donne sur un poteau électrique où sont accrochés exactement 51 fils (plus ou moins 15). Je me sens un peu mieux, toujours des frissons, il faudrait que j’aille acheter un jus de fruit ; un truc à boire (et que je compte un peu ce qui me reste en monnaie). (Z’en ai barre de redifler.)


            2 970$. C’est ce que je peux dépenser ce soir après extraction des pièces que je veux garder.
            23h10... Hum. Il faut absolument que je dorme. Je suis revenue à la méga chambre. A chaque coup de vent, j’ai l’impression qu’il pleut. En fait, ce sont les fils électriques qui s’entrechoquent. (...) (A chaque grosse voiture j’ai l’impression d’un tremblement de terre aussi. Comme si le bâtiment était secoué par une propagation de vibrations profondes.)
            Pour être sure de ne pas me perdre, je me suis dit que la meilleure des options était encore d’aller tout droit. Trois hostals autour, j’ai même pas regardé les prix. Une enseigne grinçait en poussant des gémissements lugubres. Une autre claquait contre un mur. Je me suis dit que j’étais vraiment dans les tréfonds de la ville. Après un restau grillagé et un bien louche, je me suis dit que le mieux à faire était d’aller où il y avait du monde. Suite à une consultation approfondie des prix, j’ai donc dégusté un hot dog à la choucroute accompagné d’un nectar à la pêche. ... Mon mode de vie solitaire est vraiment expérimental ( !). Tout ceci dans une sorte de bar-resto où deux écrans de télé retransmettaient un match de foot. Le commentateur a failli s’étrangler (30 sec. De cri ininterrompu) quand un but a été marqué. C’est fou de penser que le dépassement d’une ligne tracée en un lieu aléatoire par un objet plus ou moins sphérique puisse générer autant d’embrassades, de pleurs et de mugissements. (Quand on y pense.) (Mais n’y pensons pas, ça vaut mieux.) Devant moi, un chilien à la peau sombre avec des cheveux blonds platines courts, et une tête de mafieux (je ne sais pas exactement à quoi c’est censé ressembler). Derrière, un gros monsieur à cravate qui pousse un soupir orgasmique à chaque pénétration d’une gorgée pétillante de coca dans son œsophage. Le barman avec son t-shirt vintage. Les murs rouges ; une gouttière qui rentre. Ah non, c’est le tuyau du poêle. (J’ai toujours chaud, d’ailleurs.) 2 200$.
            Cette fois, il pleut. Je range un minimum mon sac et je vais dormir. Le réveil sera dur.
            23h52 Gné(éh). Pffff. Il y a un caniche frisé relativement peu tondu en liberté à l’étage inférieur. Avec des pattes en pompon.



 

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