mercredi 11 juillet 2012

16 avril ...

// J’ai rêvé que j’étais dans une boulangerie-salon de thé avec Alexandre et un groupe de stagiaires. Je leur demandais s’ils avaient un régime particulier… deux filles m’ont répondu qu’elles étaient végétariennes. Et un monsieur qui m’a dit qu’il était panivore… je lui ai demandé de répéter plusieurs fois, je ne connaissais pas ce régime … en fait, il ne mangeait que du pain. Différents types, mais que du pain tout de même. C’était donc assez compliqué, je lui ai dit de faire le plein temps qu’on était dans une boulangerie, parce qu’en Patagonie on ne trouverait plus grand-chose. Il en a donc acheté quelques uns … il ne mangeait vraiment rien d’autre.
La nuit est tombée. On est tous sorti…. Il y avait une pluie d’étoiles filantes. Je suis entrée dans une maison à deux étages dominée par une sorte de bonzaï géant, ou sapin énorme. Je devais préparer les repas. La maison était une auberge. Je demandais aux gens ce qu’ils voulaient manger et … ils ne voulaient que du pain.On était à Puerto Natales. Il fallait aller chercher du pain dans le noir.
C’était la nuit de Noël. Il y avait un énorme poêle, et des chaussettes qui attendaient. Et si j’allais chercher du pain pour l’autre stagiaire qui ne mangeait que ça, j’allais louper le réveillon et l’anniversaire d’Husig.//

Je me suis réveillée plusieurs fois cette nuit. De plus en plus mal à la gorge. J’ai du mal à parler. J’ai pris une aspirine au milieu de la nuit, puis ce matin… j’ai rarement eu aussi mal à la gorge, ç’aurait pu se produire à un autre moment … quand j’avale j’ai l’impression qu’un lame me lacère. C’est désagréable. Je ne sais pas comment je vais manger ma pizza ce soir. Ma tente commence à être criblée de trous de mulots… un est entré à mes pieds en grignotant la toile, passant directement dans la poubelle qu’il a bien rongée… il a aussi grignoté mon paquet de mouchoirs vides (ça ne sert à rien) et la poignée de ma sacoche photo… il a surement aimé le gout, sinon je ne vois pas. Il a aussi bien mangé l’emballage de mousse au chocolat lyophilisée. Pleins de particules pailletées sont éparpillées. Pourtant c’est métallique, je ne sais pas comment ils font pour avaler ça… Mathieu est parti chercher son porte filtre. Moi j’ai eu un peu de mal à me lever mais … j’ai presque fini mon sac. Je ne suis pas dans une forme remarquable mais je … pense que ça ira. Allez.

Je suis entrain de chercher l’heure… un moustique vient de me piquer dans l’oreille, c’est très énervant. Dire que Xavier disait que c’était des moucherons. Il est … 8h26 ! Ca me semble bizarre parce que ... il fait toujours nuit ! Mais bon oui, c’est surement possible, il doit y avoir une espèce  couverture nuageuse. Je suis entrain de ranger ma tente, Alexandre s’occupe de l’autre. Mon mal de gorge se calme un peu heureusement. Un peu. Je récupère à nouveau des sachets de parmesan, sauce, et diverses choses que les mulots ont emporté dans leur repère secret dans les branchages. Ca commence à bien faire … mais dans un sens, c’est quand même drôle.
J’ai faim mais je ne sais pas ce que ça va donner si j’essaye d’avaler quelque chose. Déjà le liquide passe mal… mmh. Bon j’essayerai quand même parce que sinon j’aurai du mal à arriver. Hier soir on a parlé avec Alexandre des possibilités de stages ici, et de l’organisation… ça m’a beaucoup plu. 


9h25. On est partis du camp italiano. C’est un peu dur mais ça va. On a bu du chocolat chaud, cacao énergie, capuccino, mélanges louches à mon habitude. J’étais la seule à qui il restait un paquet de gâteau complet. On l’a partagé un peu. On a traversé la passerelle, il fait encore sombre. J’ai aperçu le démon mécontent là haut, avec son visage cornu et ses grondements. De l’autre côté le ciel est superbe, nuages sombres sur fond clair. Clarté douce. On traverse des forêts, un peu moins belles qu’hier mais toujours dépaysantes. Tout semble monochrome. J’ai très chaud. Dernière journée dans la nature.

9h52… on entre dans la zone brûlée… enfin presque. Elle semble nous entourer à une distance respectueuse. Les colosses de bois sont très beaux. Devant, toute forme de vie a été anéantie, là on l’on marche, les couleurs sont plus vives que jamais. Il y a du vent, un peu de pluie parfois. … Le soleil commence à se lever sur les montagnes en face. La lumière lointaine est très vive. … Premiers arbres brûlés.



Ca y est, nous voilà dans la zone rasée. Il reste un peu d’herbe au sol en certains endroits… toujours les branches qui se tordent de douleur, l’écorce arrachée par le feu et sa chaleur insupportable. Très étrange …. Paradoxalement, le soleil essaye de réchauffer tout se monde mort et froid. Le vent se déchaine, il nous en veut surement d’oser se présenter ici après ce que quelqu’un de notre espèce a provoqué. Atmosphère sombre et impressionnante. Les montagnes sont plâtrées en leurs sommets… quelques touffes tentent de survivre au milieu de cette forêt noire et déserte… le lac en dessous étale ses vagues et reflets. Je suis passée en mode automatique : un pied devant l’autre, un bâton qui s’élève et s’abaisse tous les deux pas. J’ai connu mieux.



 
10h18. On a pénétré l’enceinte de la forêt désaturée remarquée l’année dernière. Elle a aussi subit les ravages des flammes. Les troncs sont très noirs en bas. L’écorce se détache très facilement. J’ai tiré dessus … ai eu l’impression d’enlever la peau d’un être vivant. C’est un peu ça d’ailleurs. Sauf qu’il a été brûlé vif et est maintenant mort. Je relativise un peu mon état, là. Je me dis que tout ceux qui étaient là dedans ont du beaucoup plus souffrir que durant nos misérables maladies. Comme moi maintenant. Le grand arbre à la sortie de la forêt est à moitié ravagé, à moitié vivant. Il résiste encore… gardien des bois. Tout sent le brûlé. Comme si l’incendie datait de quelques jours. Les seuls indices témoignant du contraire sont les touffes d’herbes épars qui émergent en certains endroits. Mais pas partout. C’est vraiment très sombre. J’ai presque l’impression de déranger.




10h48 ! Quelque chose nous en veut, c’est sur ! Les éléments commencent à se déchainer. ‘La confrérie des hobbits encapuchonnés’. Je ne sais pas pourquoi je pense à cette expression … confrérie… j’aime bien ce mot. Au dessus de nous, à la verticale, une montagne dont le somment est totalement couvert de givre, blanc comme si un ovni glacière avait atterri au sommet, avec des pointes et des formes géométriques, rectangles… en tout cas le sommet est vraiment blanc. Blanc.


  La tempête est arrivée alors qu’on errait encore dans les bois brulés. Même sous la pluie, une odeur de fumée persiste, comme si l’on était toujours dans l’incendie. On s’est arrêté au bord d’un lac sombre (dont je n’avais pas souvenir) duquel s’élevaient des tourbillons flottants. Impressionnant. Les rafales se sont multipliées, de plus en plus violentes ; la pluie a commencé à nous encercler, discrètement (vicieusement). Et on s’est retrouvé dedans. La tourmente patagonienne. Celle qu’on aime tant. Alexandre et Mathieu ont tenté (à plusieurs reprises) de mettre leurs capes de hobbits humides. Elles se gonflaient comme des parapentes croisés avec des épouvantails. Une sorte de ballon claquant au vent dans le tumulte des éléments. J’ai été prise d’un fou rire en regardant Alex se débattre suite à l’enfilement de sa cape à l’envers dans divers sens, puis s’être rendu compte qu’il manquait le couvre sac, puis que le tissu se soulevait par la bosse arrière, tout ça avec des rafales qui la gonflaient et vidaient alternativement de façon assez violente... alors que Mathieu de son côté, se rendait compte qu’il avait oublié de mettre son sac. Il a du recommencer aussi. On s’est enfin remis en route au milieu des nuages de pluie cinglante mixée à l’eau du lac qui remonte ; dans les bourrasques qui nous chassent et nous retiennent selon l’instant.




            On a marché comme ça jusqu’à 12h05. Arrivée au refuge. C’est fou. A la fin, un arc en ciel intense s’est déployé au dessus du lac turquoise. L’entrée de l’hôtel était froide et humide. Moins que nous. Une demi-heure à attendre en se posant sur un banc et évitant de bouger pour ne pas répandre l’humidité à toutes les parties de notre corps.
            Maintenant, on est entré dans le catamaran qui fait navette entre les deux bouts du lac Pehoe. ... Il y a un curieux décalage entre la météo (merdeuse) et l’intérieur du bateau. Assez classe. On a pu payer en €uros... ouf ! Sauf que, évidemment... c’est 12 000$ au lieu de 9 000. Quelle joie... 20€/ personne. Vouaaiiiis. (...). Je rêve d’une pizza que je ne sais pas si je serai capable d’avaler. On est entré dans un mini bus (au pif) et attendu un certain temps qu’il démarre alors que le véhicule oscillait à chaque rafale. On est en route. VOILA.


            J’ai somnolé jusqu’à Cerro Castillo, le nez dans ma polaire humide roulée en boule contre la vitre mouillée ; et couverte de la méga doudoune d’Alexandre. Ca a bien secoué, un moment un Cuernos est apparu encadré de ses deux disciples tourelles sombres. A travers la vitre boueuse. ... Au café, je me suis extirpée du bus pour plonger dans la salle un peu chauffée afin d’avaler un sandwich aux œufs et d’un beignet à la confiture (ou il faut rajouter la confiture). C’était bon. Mon état stagne. Le chauffeur a failli repartir sans Mathieu et moi, puis sans Mathieu tout seul. On a enfin été au complet. Rigolade sur un dirigement de poussin à réacteurs et des photos déformantes.... A l’arrivée, on est lâché près de l’église blanche ... et on se perd dans la foulée. Hostel Mirodon (je crois) on essaye de rentrer, on y arrive pas, on fait demi-tour, une petite dame vient nous ouvrir. 10 000$ par personne avec desayuno. Bien.

            On a retrouvé nos affaires, enlevé nos chaussures (‘’Ca c’est de l’odeur ! Presque solide ! C’est là que naissent les nouvelles senteurs du sanctuaire olfactif des ténèbres’’ (etc)) Hahaa. Douche. On va aller manger des pizzas... je suis HS.
 

            C’est fait. A La Mesita Grande, où on était à l’arrivée. Le serveur a posé son petit numéro virevoltant au bout d’un fil de fer sur une grande table ou tout le monde mange. Calzone al choclo pour moi. J’ai eu les yeux plus gros que le ventre je crois, ou que la gorge plutôt... Quoique, le mal se répand. Salade et tiramisu aussi (festin). Sauf que j’ai des frissons à chaque courant d’air ou contact avec un objet froid (genre le verre de jus de frambuesa). Aha(rg). Ce serait bien un peu d’adrénaline pour faire remonter d’un pourcentage quelconque ma forme physique. (Un PEU, hein, juste un peu.) Un beu d’adrédalide. Mmh. Za gomence à bien vaire. Gnéé. Bon. Ze vais be goucher je grois. Hum. J’ai le visage en feu. J’attends que la sauvegarde de mes photos sur le disque dur soit faite et voilà. Dodo.

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